Nos vies valent plus que leurs profits

Mégabassines : du gaz dans l’eau…

Les prélèvements illégaux d’eau dans les nappes phréatiques menacent les ressources en eau potable. Mais c’est contre ceux qui dénoncent cette situation que les forces de l’ordre s’acharnent.

Le tribunal administratif de Poitiers a confirmé en octobre 2024 la décision de juillet qui avait jugé que le volume de prélèvements autorisés dans les nappes (notamment pour la bassine d’Oulmes Nord, l’équivalent de 174 piscines olympiques) est « contraire au principe de gestion équilibrée et durable de la ressource en eau » et l’a déclaré illégal.
Ce tribunal avait déjà annulé en 2023 le projet de quinze mégabassines du Poitou-Charentes. Et en décembre dernier, la cour administrative d’appel de Bordeaux a déclaré quatre mégabassines illégales, dont celle de Sainte-Soline !

« Bassines Non Merci ! » rappelle « que, malgré la décision du 18 décembre, la bassine continue d’être remplie et qu’à présent, ce sont près de 30 000 m³ supplémentaires qui ont été prélevés illégalement […], que c’est bien l’ensemble des trente bassines des bassins versants du marais poitevin qui sont remplies illégalement cet hiver… »

Mais ceux qui sont interpellés par la gendarmerie et qui se retrouvent au tribunal en Vendée ou dans les Deux-Sèvres, ce sont les personnes qui dénoncent ce non-respect des décisions de justice et l’impunité des gros irrigants. Les gardes à vue et les convocations en justice se succèdent1.

Le 13 janvier, nous soutenions deux camarades convoqués suite à une enquête digne de l’antiterrorisme (balises sous les voitures, écoutes téléphoniques, inculpations au hasard) pour des faits dérisoires : dégradation de vannes de quelques centaines d’euros. Quel coût pour la collectivité ! Car le financement de ces moyens policiers s’ajoute aux frais de la construction des bassines payées à 70 % par des fonds publics (au bénéfice de cinq agriculteurs pour celle d’Oulmes Nord). Le délibéré sera rendu le 10 février.

Ce procès a été une occasion de rappeler qu’en Vendée, même l’eau potable est menacée. Les irrigants prélevant intensément dans les nappes phréatiques, les Vendéens boiront bientôt de l’eau recyclée issue d’usines de retraitement des eaux de leurs égouts2 ! En plus, l’écosystème du marais poitevin est bouleversé : la rivière l’Autise est à sec chaque été, la mer pénètre dans le marais et inverse les flux. Il est temps de soutenir des solutions alternatives avec des cultures non gourmandes en eau.

Face à notre avenir mis en péril, le combat contre les mégabassines ne peut que continuer.

Correspondants

 

 

1  https://www.bassinesnonmerci.fr/
2  https://www.vendee.fr/actualite/programme-jourdain-recycler-les-eaux-usees-en-eau-potable-en-vendee