Nos vies valent plus que leurs profits

Mégabassines : les projets démesurés de l’agro-industrie, c’est toujours non !

Ce week-end avait lieu une nouvelle mobilisation de grande ampleur contre les projets de mégabassines, un peu plus d’un an après la mobilisation violemment réprimée de Sainte-Soline en mars 2023. Des milliers de personnes se sont retrouvées vendredi 19 juillet à Migné-Auxances (près de Poitiers) pour s’opposer à l’un de ces projets, à l’appel principalement des Soulèvements de la Terre et du collectif Bassines non merci (BNM). Elles ont dû faire face à de nombreuses forces de répression, qui ont notamment mis le feu aux champs entourant les manifestants pour les obliger à renoncer à avancer.

Il s’agissait de dénoncer l’accaparement de l’eau par une poignée de gros industriels, les seuls à qui profitent les mégabassines, quand les plus petits agriculteurs voient les cours d’eau nécessaires pour irriguer leurs champs se tarir, à mesure que les pompes à eau assèchent les nappes phréatiques pour alimenter les bassines. Au-delà du modèle agricole favorisant les grandes exploitations, de telles infrastructures sont également nocives pour la biodiversité, en privant la faune locale de l’accès à l’eau.

Dénonciation des mégabassines … et d’un modèle économique insoutenable

Le lendemain, la mobilisation ciblait le port de La Rochelle, symbole de l’agro-business pour le rôle qu’y prennent des entreprises comme Soufflet, qui amasse des montagnes de céréales dans ses silos avant de les revendre au plus offrant. De tels groupes n’hésitent pas à spéculer sur les produits alimentaires pour se tailler une bonne marge sur le dos des agriculteurs qui leurs fournissent leurs récoltes, faute de pouvoir eux-mêmes la stocker et l’écouler. Les groupes comme Soufflet sont aussi pointés du doigt pour leur rôle dans la multiplication des mégabassines, puisque leurs appétits financiers demandent une rentabilité toujours accrue des parcelles agricoles en monoculture céréalière intensive très gourmande en eau. La journée a donc commencé avec un blocage de l’entreprise par un convoi de tracteurs et de militants écologistes et syndicalistes qui dénonçaient ce maillon en bout de chaîne de tout un système qui ne permet pas aux petits agriculteurs de vivre de leurs récoltes.

Par nos mobilisations, en finir avec leur système mortifère

Plus tard dans la journée, des milliers de manifestantes et manifestants ont battu le pavé (tandis que d’autres ont visibilisé la mobilisation… en kayak, le long du trajet en bord de mer !) malgré l’important dispositif policier visant à intimider et réprimer la manifestation, arbitrairement interdite par la préfecture. Plusieurs cortèges dynamiques se sont élancés à travers la ville durant de nombreuses heures, au rythme de slogans contre les mégabassines et les méfaits écologiques du capitalisme.

Une réussite donc, qui démontre une nouvelle fois que l’avenir de notre modèle agricole est au cœur des préoccupations de nombreuses personnes. Le lien entre l’accaparement de l’eau, les revendications paysannes, la spéculation sur les produits alimentaires, les rapports de prédation entre les pays riches et le reste de la planète, ne peuvent que nous pousser à remettre en cause tout le système capitaliste, incapable de nourrir la planète et de préserver les écosystèmes.

Pour inverser le courant, il faudra continuer de se mobiliser contre les vrais responsables de ce saccage : coopératives agricoles, géants de l’agro-industrie, entreprises de la grande distribution, banques auprès desquelles s’endettent les agriculteurs… mais également trouver de l’écho parmi les millions de travailleuses et travailleurs des villes et des campagnes, y compris celles et ceux qui sont surexploités par l’agro-industrie, qui n’ont rien à gagner sous le capitalisme et dont les intérêts vont directement à l’encontre de ceux du grand patronat.

Correspondants et correspondantes

 

 


 

 

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