Anon Numpa, un avocat de 39 ans et importante figure du mouvement pro-démocratie, a été condamné à quatre ans d’emprisonnement pour crime de « lèse-majesté ». Il était poursuivi pour un discours prononcé en 2020 devant le monument de la démocratie à Bangkok, au pic des manifestations massives réclamant une refonte de la monarchie. C’est la première des 14 inculpations pour « lèse-majesté » qui le vise. Cette loi, baptisée « article 112 », punit jusqu’à quinze ans de prison toute insulte visant le roi ou sa famille. Son usage a été rapidement détourné pour cibler tous les opposants politiques. Désormais le simple fait de demander son abolition est en lui-même un crime de lèse-majesté. « C’est un sacrifice de ma liberté que je suis prêt à assumer », a expliqué Numpa au moment d’arriver au tribunal, accompagné de sa compagne et de leur enfant. « Nous avons vu beaucoup de changements dans la politique thaïlandaise depuis le mouvement de 2020 […] Si je suis condamné à de la prison aujourd’hui, ça serait pour beaucoup d’années mais ça vaudrait le coup », a-t-il poursuivi. Devant les journalistes, il a fait le salut à trois doigts, un signe de défi à l’autorité royale, alors que des dizaines de personnes étaient venues lui apporter leur soutien devant le tribunal.