Nos vies valent plus que leurs profits

Allemagne: quinze mille manifestants contre l’extrême droite

Le cortège de nos camarades du RSO et de RIO, avec pour slogans sur leurs banderoles :
« Stopper l’extrême droite, c’est combattre la politique des patrons et des gouvernants »
« Droit de séjour pour tous, Pour un monde sans frontières, sans guerre et sans exploitation ! »

Samedi 11 janvier, le parti d’extrême droite AfD (« Alternative pour l’Allemagne ») tenait son congrès à Riesa, petite ville de Saxe en Allemagne de l’Est. Congrès tenu derrière une armée de flics et fortement perturbé par les manifestations et blocages de manifestants ayant convergé vers les lieux, en bus, train ou autre, contre l’extrême droite. Manifestants et flics dressés contre eux étaient presque aussi nombreux que les habitants de la ville !

La veille, la candidate de l’AfD aux prochaines législatives, Alice Weidel, avait l’honneur d’une interview avec Elon Musk, suivie sur des réseaux par 200 000 personnes. Pendant que le milliardaire, bras droit de Trump, clamait que « seule l’AfD pouvait sauver l’Allemagne », Weidel tentait de son côté un exercice de « dédiabolisation » pour le moins acrobatique. En effet, elle a réfuté que l’extrême droite soit associée à Hitler, puisque celui-ci n’aurait été ni conservateur ni de droite, mais… « communiste » !

La manifestation du samedi 11 janvier contre l’extrême droite et en prévision de ce congrès de l’AfD a été préparée depuis des semaines par des assemblées générales qui ont rassemblé de nombreux étudiants – entre 1 000 et 1 500 dans les deux plus grandes universités berlinoises. Le jour même, des milliers de manifestants étaient présents dès le petit matin, bloquant l’accès au congrès par des cortèges, rassemblements et actions de blocage. En tout, ce sont 15 000 personnes qui ont battu le pavé. Surtout des jeunes, mais aussi des travailleurs à l’appel de syndicalistes. Contrairement aux années précédentes, plusieurs syndicats appelaient manifester. Parmi les slogans : « Tous ensemble, contre le fascisme », mais aussi « Ce n’est pas la migration, c’est l’inflation le problème » ou « Les fachos tuent, l’État expulse – la lutte de classe les écrasera ». Finalement, c’est avec près de trois heures de retard que le congrès a commencé, toujours en absence des derniers délégués. Les derniers blocages n’ont été levés que dans l’après-midi, à grands coups de gaz lacrymos et de matraques qui ont fait des dizaines de blessés.

Contre la coalition sociale-démocrate-libérale-écolo sortante, qui a durci le droit d’asile et relancé les expulsions en Afghanistan, et contre les chrétiens-démocrates qui se présentent comme « l’alternative démocratique » mais dont le programme conservateur et xénophobe n’est pas bien éloigné de celui de l’extrême droite, les milliers de jeunes et moins jeunes qui ont choisi la voie de la rue pour repousser l’extrême droite ont bien raison. Un espoir pour continuer la lutte contre les idées réactionnaires et racistes, qui bien sûr devra prendre bien d’autres voies.

Dans la campagne des élections législatives du 23 février prochain, qui bat son plein dans le pays, des voix tentent d’exprimer ces perspectives. Dont celles du RSO, organisation sœur du NPA-R, et de RIO, organisation liée à Révolution permanente en France, qui présentent des candidatures dans trois circonscriptions, à Berlin et Munich, et étaient présents ensemble dans un même cortège à Riesa. Pour des augmentations de salaire, la fin des massacres à Gaza, l’ouverture des frontières, mais aussi pour des luttes ouvrières victorieuses, organisées par une base où l’on trouve souvent plus de colère et de combativité que dans les sommets syndicaux bureaucratisés et champions des compromis pourris avec le patronat.

Ce sont ces mobilisations de classe, pour le niveau de vie et contre les licenciements (qui font, comme en France, l’actualité dans le pays), qui pourront faire reculer l’extrême droite et imposer, comme le dit le slogan de campagne de nos camarades : « Un monde sans frontière, sans guerre, et sans exploitation ! »

Dima Rüger

Une des affiches de la campagne de la candidate du RSO :
« On vit ici, on bosse ici, on reste ici ! Droit de séjour et de vote pour tous !
C’est nous produisons toutes les richesses, c’est à nous de décider »