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Après 48 000 morts, des villes en ruines, Netanyahou veut continuer à affamer Gaza

Affamer la population dans la bande de Gaza, c’est ce qu’a décidé Netanyahou dimanche 2 mars en annonçant le blocage de toute entrée de ravitaillement et aide humanitaire dans le territoire. Une mesure si inique que l’ONU elle-même, organisme rassemblant les grands de ce monde peu soucieux du sort des petits, s’est sentie tenue d’appeler à la reprise immédiate de l’aide humanitaire. Un appel pour la forme que Netanyahou n’a aucune raison d’écouter car aucune des grandes puissances qui le soutiennent, des États-Unis à la France, n’ont l’intention de l’y contraindre.

Depuis la fin de la première phase de la trêve prévue avec le Hamas, Netanyahou se refuse, contrairement à l’accord signé mi-janvier, à négocier les modalités des deux phases suivantes qui devaient aboutir, en échange de la libération des otages restants, à un arrêt définitif de la guerre et au retrait des troupes israéliennes de la bande de Gaza. Il prétend vouloir l’élimination totale du Hamas et exige la libération immédiate de tous les otages sans donner aucune garantie de retrait des troupes – comme au Sud-Liban qu’Israël a mis devant le fait accompli d’une occupation sans fin. Il repousse toute promesse d’arrêt de la guerre avec l’appui des États-Unis qui proposent d’en rester à la situation actuelle jusqu’à mi-avril, évoquant le mois de ramadan et les célébrations de la Pâque juive (deux religions d’un coup pour prolonger l’état de guerre), le temps de trouver une solution pour la gestion de Gaza sur le dos du peuple palestinien.

Entre un Netanyahou qui affame Gaza dans l’espoir de pouvoir demain en expulser toute la population, un Trump qui renchérit en proposant de faire de cette bande de terre un paradis pour les riches, et les dirigeants des états arabes voisins qui, craignant de voir déferler chez eux ces deux millions de Gazaouis s’ajoutant aux pauvres de leur propre pays, voudraient proposer de se transformer eux-mêmes en geôliers du ghetto de Gaza, le cynisme des gouvernants n’a pas de limite.

Olivier Belin