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Brésil : Carrefour complice de la déforestation

Dans une enquête publiée le 23 août, traçant l’origine de la viande vendue par Carrefour, le magazine d’investigation brésilien Reporter Brasil a découvert que le groupe Frialto, l’un des principaux fournisseurs en viande du géant de la distribution, s’alimentait en bétail auprès d’un éleveur, Bruno Heller, considéré comme le plus grand destructeur de l’écosystème de la forêt amazonienne. Il est soupçonné d’avoir déboisé illégalement 6 500 hectares de forêt dans l’État du Para, dans le nord du pays. La famille Heller est connue des autorités environnementales : depuis 1990, les fermes en sa possession ont cumulé 43 amendes, s’élevant à un total de 27 millions de réaux (5,12 millions d’euros), pour des cas de déforestation illégale et d’achat de bétail issu de zones protégées. Carrefour nie tout et plaide la bonne foi. Mais ce n’est pas la première fois que le groupe est accusé de participer à la déforestation amazonienne. Le 5 septembre 2022, l’ONG environnementale américaine Mighty Earth (Terre puissante) avait lancé une campagne « Carrefour nous enfume ! » sur les réseaux sociaux. Elle dénonçait le fait qu’en dépit de l’engagement de Carrefour à cesser d’acheter de la viande issue de « zones critiques » d’ici à 2030, l’entreprise continuait à se fournir auprès de deux abattoirs de la multinationale brésilienne JBS, qui s’approvisionnaient auprès de fermes ayant déboisé un territoire autochtone dans l’État de Rondônia, dans le nord-ouest du Brésil. Pour Carrefour, le « respect de l’environnement » est un slogan de supermarché qui n’engage à rien.