Dans une enquête très documentée, réalisée avec le soutien de l’association Journalisme d’investigation pur l’Europe, Le Monde révèle que les principales industries polluantes du Vieux Continent – dans des secteurs comme l’acier, le ciment, le pétrole, l’aluminium et autres – ont reçu gratuitement de l’Union européenne des quotas d’émissions de CO2 – sortes de « droits à polluer » – afin de les inciter à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Ce système des quotas gratuits pour les patrons, lancé le 1er janvier 2005 et toujours en vigueur, était censé illustrer une « écologie non-punitive ». Mais il a rapidement été détourné de son objet pour devenir un outil financier permettant à ses bénéficiaires d’augmenter leurs profits, grâce à la revente de ces quotas. Rien qu’entre 2013 et 2021, estime le Fonds mondial pour la nature, les plus grosses industries émettrices ont empoché 98,5 milliards d’euros et n’ont consacré qu’un quart de cette somme (25 milliards) à l’action climatique. Le reste est allé dans leur poche. Comme dirait Macron, l’Union européenne est à la pointe dans la lutte pour l’environnement. Et ses industries les plus polluantes ont découvert les charmes de l’écologie spéculative. Aujourd’hui elles en redemandent !