Mayotte, département colonie
Rémi Carayol
La Fabrique, 2024, 250 P., 15 €
Mayotte est en réalité Maore, son nom comorien. L’auteur, journaliste à Afrique XXI, Mediapart et au Monde diplomatique, insiste sur l’aspect paradoxal de la relation de Mayotte avec la France : à la fois totalement délaissée et maltraitée par l’État français, tout en étant censée avoir une relation privilégiée. Il décrit la complicité entre un État colonial, soucieux de préserver une influence stratégique en Afrique de l’Est, et les calculs des élites locales.
La banalisation de l’extrême droite
L’autre intérêt du livre, c’est de mieux comprendre la montée de l’extrême droite à Mayotte. Elle y prospère sur une concurrence systématisée entre pauvres : dans une île où la moitié de la population gagne moins de 140 euros par mois, les ennemis désignés sont les Comoriens encore plus pauvres, plutôt que l’État français et les notables mahorais. L’opération Wuambushu est une version coloniale de la politique répressive de Macron, encore plus brutale qu’en France. Les revendications d’élus locaux, comme la fin du droit du sol et de l’aide médicale d’État, sont autant d’aubaines pour l’extrême droite hexagonale et le gouvernement Macron, qui n’attendent que de généraliser ces attaques.
Robin Klimt et Lydie Grimal