Sous le titre Comment certains navires desservant les ports français sont devenus des lieux de précarité pour les marins étrangers, le service enquête de France 2 a réalisé un reportage – toujours visible sur Internet – qui suit pas à pas, à Cherbourg puis à Calais, Laure Tallonneau, inspectrice maritime mandatée par la CGT et la Fédération internationale des ouvriers du transport. Elle enquête à bord sur les conditions de vie des marins (généralement originaires de pays du tiers-monde) embauchés sur des ferries, notamment britanniques, qui effectuent la traversée trans-Manche et qui utilisent des pavillons de complaisance – souvent ceux de Chypre et de la Barbade – pour priver ces derniers de tous droits. On découvre ainsi que beaucoup reçoivent des salaires de trois à quatre euros de l’heure, ne sont pas payés pendant des mois et n’ont pas de fiche de paie. En outre ils effectuent des journées de travail de dix heures et plus, sans jours de congés pendant quatre à six mois, vivent dans des conditions insalubres et doivent se contenter d’une nourriture insuffisante. Rappelons qu’en mars de l’an dernier la compagnie britannique P&O, dans la maison mère est… à Dubaï, avait licencié du jour au lendemain 800 marins du Royaume-Uni en les remplaçant par d’autres venus de Colombie et du sous-continent indien et par des intérimaires payés moitié moins cher. La rapacité capitaliste n’a pas de bornes.