Depuis le mois d’août, Trump a déployé près de 10 000 hommes au large du Venezuela, huit navires de guerre et un sous-marin à propulsion nucléaire. Le 15 octobre, interrogé sur de possibles bombardements américains, Trump a répondu : « Je ne veux pas vous en dire plus, mais nous regardons du côté du sol à présent », ouvrant la voie à de potentielles frappes terrestres contre le Venezuela. Il s’est enorgueilli du fait qu’il « contrôle très bien la mer », car ces dernières semaines son armée a au moins coulé cinq bateaux vénézuéliens et tué 27 personnes. Suite à des révélations du New York Times, Trump a reconnu qu’il avait autorisé des opérations secrètes de la CIA au Venezuela.
La lutte invoquée contre le « narcotrafic » et le prétendu rétablissement de la démocratie ne sont bien sûr que des prétextes. C’est sur les gigantesques champs pétrolifères du Venezuela, la plus grande réserve du monde, que lorgne l’impérialisme. Sous Biden, Washington avait autorisé la compagnie pétrolière Chevron à coopérer avec la compagnie pétrolière d’État vénézuélienne pour accélérer l’exploitation des champs pétrolifères. Le New York Times a révélé que, jusqu’en mai dernier, l’administration Trump négociait en secret avec Maduro pour exporter du pétrole, en échange de l’autorisation de vols d’expulsion.
Mais pour les capitalistes américains, ce régime ne fait pas assez de concessions. La force de ce pouvoir autoritaire repose sur la rente pétrolière, bien qu’il n’en retire pas tous les bénéfices attendus à cause des restrictions américaines sur les capacités techniques de raffinage. Trump va donc jusqu’à le menacer de guerre et de renversement… pour placer un remplaçant tout aussi autoritaire, mais à sa solde !
Les mêmes menaces pèsent désormais sur la Colombie. Trump, qui a accusé le président Gustavo Petro d’être complice des narcotrafiquants, a annoncé le retrait de ses aides. Le 22 octobre, les États-Unis ont annoncé deux premières frappes dans le Pacifique, dont au moins une dans les eaux colombiennes, sur des navires soupçonnés de trafic de drogue. Sans doute qu’avec l’élection du premier président « de gauche » en Colombie, Trump craint de perdre sa mainmise sur un pays longtemps considéré comme le meilleur allié des États-Unis en Amérique du Sud. Gustavo Petro n’a pourtant pas prévu de s’attaquer radicalement aux intérêts des capitalistes, ni même des grands propriétaires terriens, lui qui parle de réforme agraire. Mais ses seules promesses électorales de politique plus sociale suffisent à Trump, le « faiseur de paix dans le monde », pour engager de nouvelles menaces guerrières.
Notons l’hypocrisie des États européens, à commencer par la France de Macron, qui n’a pas de mots assez durs pour condamner l’invasion de l’Ukraine par Poutine, mais ne trouve rien à redire lorsque les États-Unis menacent de bombarder des pays d’Amérique du Sud.
28 octobre 2025, Juliette Stein