Vendredi 19 septembre, un professeur d’éco-gestion du lycée Faÿs de Villeurbanne s’est fait agresser par un élève dont il avait confisqué le téléphone portable. Frappé à trois reprises, il a eu le nez fracturé et huit jours d’ITT. La même journée, une violente bagarre entre élèves avait éclaté à l’entrée de l’établissement et aurait pu très mal tourner, le faible nombre de surveillants sur place ne permettant pas une intervention rapide. En protestation contre cette dégradation du climat scolaire et le manque de moyens humains et matériels pour y faire face, le personnel du lycée a décidé d’une journée « lycée mort » mardi 24 septembre. Plus de 75 % des professeurs ont fait grève, réclamant au rectorat davantage de postes, notamment de CPE, d’adjoint, de surveillants, de personnel médico-social, ainsi qu’une diminution des effectifs par classe. Il faut dire qu’en moins de dix ans, les effectifs du lycée Faÿs sont passés de 900 élèves à plus de 1 300 sans création de postes.
Les médias sont alertés et viennent en nombre aux abords des lycées : BFM-TV, TF1, RTL, CNews… Refusant d’entrer dans la logique sensationnaliste, les grévistes insistent fermement sur leurs exigences de moyens supplémentaires afin de permettre à tous, personnel et élèves, de travailler enfin dans de bonnes conditions.
Une délégation a finalement été reçue au rectorat de Lyon et a dû faire face à tout le mépris de l’administration, qui affirme tranquillement qu’il n’y a aucun moyen supplémentaire et propose du bricolage à moyens constants, par exemple la mise en place d’un sens de circulation dans les couloirs du lycée comme moyen d’apaiser le climat scolaire !
Furieux, le personnel mobilisé a poursuivi la grève jeudi 26 septembre, et s’est organisé avec la mise en place d’une caisse de grève pour permettre aux contractuels et aux surveillants notamment de participer au mouvement. Des « Olympiades de l’éducation sacrifiée » sont organisées devant le rectorat avec d’autres lycées précarisés de l’Est lyonnais : Jacques-Brel et Marcel-Sembat à Vénissieux, Robert-Doisneau à Vaulx-en-Velin, Albert-Camus-Sermenaz à Rillieux et Pierre-Brossolette à Villeurbanne. Le rectorat campe fièrement sur son déni et son mépris, affirmant qu’« il n’y a pas de corrélation établie entre les moyens humains attribués et les incidents ». En clair : si vous vous faites fracturer le nez, c’est que vous vous êtes mal organisé !
Le personnel mobilisé est bien déterminé à ne rien lâcher et à profiter de la médiatisation de l’épisode pour se faire entendre, dans l’intérêt de tous, et en premier lieu des élèves : car la violence, la vraie, c’est celle de ce pouvoir qui sacrifie consciemment les jeunes de quartiers populaires et se repaît des manifestations de leur colère.
26 septembre 2024, correspondante