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Canons à vendre

Le marché de l’armement est un des plus rentables. Premier client, l’État, avec l’argent des impôts. Représentants de commerce : Macron et ses ministres, en Arabie saoudite, dans les Émirats arabes unis ou l’Égypte de Sissi. Rafale à vendre !

Le quinquennat de Hollande battait déjà des records. Avec quelques déboires dont ce « contrat du siècle » pour la vente de sous-marins à l’Australie (56 milliards d’euros). Son annulation en 2021, au profit du concurrent britannique appuyé par les USA, avait soulevé l’ire de toute la classe politique française, jusqu’à Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon. La loi de programmation militaire de Macron, adoptée l’an dernier, a fait grimper à 413 milliards sur sept ans (2024 à 2030), soit 60 milliards par an (qui équivalent au budget annuel de l’Éducation pour 16 millions d’élèves et étudiants…), une manne pour le complexe militaro-industriel.

Des barons de l’acier aux géants de l’aéronautique

C’est sur l’industrie de guerre que se sont bâties les plus grandes fortunes capitalistes au 19e siècle. Avec les « barons de l’acier », les familles Schneider (forges du Creusot) et de Wendel (forges d’Hayange), fournisseurs des canons des guerres de 1870 et de 1914-1918. Le groupe Schneider a pu se lancer aussi dans l’électricité, dont est issu Schneider-électrique (130 000 salariés). Un de Wendel est devenu député, puis sénateur de Moselle, flirtant avec l’extrême droite, en même temps que régent de la Banque de France de 1913 à 1936. Ernest-Antoine Seillière, rejeton des de Wendel, est devenu « patron des patrons », président du Medef de 1997 à 2005.

Fondateur d’une dynastie plus récente, le constructeur d’avions de chasse Marcel Dassault a bâti sa fortune dans l’entre-deux-guerres mondiales, est devenu l’un des principaux marchands d’armes après la seconde, et s’est fait élire député de 1958 à 1986. Ses fils et petit-fils ont hérité de la fortune, de la fonction et du rôle politique (tous députés ou sénateurs de droite).

Du blindé à l’électronique

L’industrie d’armement en France occupe plus de 200 000 salariés, compte 2 000 entreprises, des sous-traitantes, des start-ups et une dizaine de très grands groupes : Dassault, Naval Group, Nexter (chars et artillerie), Arquus (véhicules blindés), MBDA (missiles en tous genres), et les entreprises à double vocation civile et militaire que sont Thales (électronique), Safran (moteurs d’avions, missiles), Airbus, CEA (de la bombe atomique aux centrales nucléaires, avec un gros secteur de recherche).

Chez le géant aéronautique européen Airbus, le secteur militaire (Airbus Defence and Space) occupe 34 000 salariés sur les 150 000 du groupe, et son chiffre d’affaires se monte à 12 milliards d’euros. Le PDG d’Airbus, Guillaume Faury, craint de voir les armées européennes s’équiper hors de l’UE.

Des lanceurs de satellites aux téléphones portables

En 2021, signant un contrat de recherche avec Naval Group, le président du CNRS, patron de la recherche scientifique publique française, vantait « une opportunité pour faire progresser nos connaissances dans des thématiques variées ». Depuis la création du CNRS, il y a 75 ans, tous ses laboratoires courent derrière des contrats avec l’armée qui leur accorde des crédits, en échange de quoi ils lui cèdent des cerveaux… payés par l’État. Au point que la recherche dans le secteur de l’armement est à l’origine de bien des innovations qui ont eu par la suite leur utilisation civile. À commencer par les radars, les semi-conducteurs, les satellites, internet lui-même (création de l’armée américaine), avec en sous-produit nos GPS et téléphones portables.

Alors la recherche militaire, source de progrès ? Non, une barbarie parasite de toutes les activités de la société. Imaginons au contraire les progrès faramineux, si la recherche scientifique disposait des mêmes budgets dans les multiples domaines apportant des progrès pour l’humanité !

Olivier Belin

 

 


 

 

Cet article fait partie du dossier publié dans Révolutionnaires no 15.

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