Le 8 février 1962, alors que la guerre d’Algérie faisait encore rage, en plein état d’urgence proclamé par le préfet Maurice Papon, des dizaines de milliers de manifestants bravèrent l’interdiction de manifester pour protester contre les attentats de l’OAS. Organisée par la CGT, la CFTC, l’Unef, les syndicats enseignants, le PCF et le PSU, la manifestation pacifique est violemment réprimée par la police. Neuf militants, dont huit communistes, meurent écrasés contre les grilles du métro Charonne, et 250 manifestants sont blessés. Quatre mois plus tôt, le 17 octobre 1961, la police parisienne avait déjà massacré des centaines d’Algériens manifestant pacifiquement contre le couvre-feu imposé par le gouvernement.
Ni les coupables de Charonne ni ceux du 17 octobre ne furent inquiétés. Si des représentants politiques de la bourgeoisie française ont fini par reconnaitre ces crimes, les responsables de L’État et de son appareil de répression ne seront, eux, jamais traduits devant les tribunaux.