Pocket, 2025, 456 p., 9,60 €
L’action se passe dans une petite ville tranquille de l’Angleterre pendant l’épidémie de Covid-19 et l’arrêt presque total de la vie sociale et professionnelle dû aux restrictions sanitaires. Derrière les murs où se calfeutrent les habitants, les tensions s’exacerbent. En particulier les manifestations de la domination et de l’emprise des hommes sur les femmes : violences de tous ordres et coups du côté des uns, peur, honte et douleur de l’autre. Sauf que, dans le roman, contrairement à la vie réelle, pas de féminicides, mais bien des « homicides » : un coup de poêle à frire bien ajusté, une chute malencontreuse dans un escalier, une électrocution surprise et un assaisonnement spécial à base de mort-aux-rats dans le potage. Quatre bourreaux en moins, ça dézingue sec dans le quartier ! Il s’agit maintenant de se débarrasser des corps… Au fil des péripéties, les héroïnes se rencontrent, se reconnaissent et décident de s’associer dans un « Club des fossoyeuses confinées ». On aura rarement vu meurtrières plus sympathiques dans ce qui se transforme au fil des pages en une ode à l’amitié…
Un des principaux attraits de ce livre est la présentation, sans pathos superflu, des situations et de l’itinéraire de chacune, chaque fois différents, mais tous marqués par la violence des maris et des pères dans le cadre de la famille. Cet aspect du roman en dévoile plus sur l’oppression des femmes que bien des généralités ronflantes et invectives infamantes. Avec ça, un style alerte, des rebondissements incessants, un suspense soigneusement maintenu jusqu’au bout… et beaucoup d’humour pince-sans-rire. Une lecture tout à fait recommandable.
Michel Grandry