Nos vies valent plus que leurs profits

Darmanin fait du tourisme pénitentiaire

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, était en Italie pour visiter, dans un quartier périphérique de Rome, la prison de Rebbibia. Cet établissement pénitentiaire a la particularité d’héberger une cinquantaine de détenus soumis à l’article 41 bis du code pénitentiaire italien, connu sous les termes de « carcere duro » (« prison dure »). Ce régime carcéral s’applique de manière dérogatoire, sur décision du ministère de la Justice, à des prisonniers poursuivis ou condamnés pour des crimes graves, en lien avec la mafia dans la très grande majorité des cas. Darmanin veut, parait-il, s’en inspirer pour regrouper les cent plus gros narco-trafiquants de l’Hexagone dans un établissement de haute sécurité d’ici la fin du mois de juillet. Sauf qu’avec ou sans la prison de Rebbibia les mafias locales (sicilienne, calabraise, napolitaine, sarde, etc.) ne cessent de prospérer, s’immiscent dans les interstices de la société capitaliste et dans le monde politique. Elles réaliseraient, selon certaines estimations, un chiffre d’affaires annuel qui dépasserait les 90 milliards d’euros. Car enfermer les criminels, même les pires, n’empêche pas le crime de prospérer. Darmanin a du pain sur la planche.