Un collectif de proches de personnes victimes d’accidents mortels au travail a organisé une marche blanche ce samedi à Paris. Selon la Dares, la direction des statistiques du ministère du Travail, le nombre de décès est passé de 476 en 2005 à 790 en 2019, soit plus de deux par jour. Ces familles meurtries demandent notamment à ce que les morts au travail soient davantage mises en lumière par le gouvernement.
Sur la fréquence des accidents du travail, « la France se classe en tête des pays en Europe, selon la Commission européenne », note Matthieu Lépine, historien et auteur de L’hécatombe invisible, enquête sur les morts au travail. Et « c’est un des seuls pays où ça augmente », ajoute-t-il. Les secteurs les plus touchés sont le BTP, l’agriculture et l’industrie, sans oublier le transport, mais aussi des métiers dont on parle moins comme le bucheronnage et les marins-pêcheurs. En outre, le phénomène est selon lui sous-estimé : « un accident sur deux ne serait pas déclaré », estime-t-il. Il pointe le manque de moyens et « le mal qui est fait à tous les acteurs de la prévention ». Il énumère la baisse du nombre les inspecteurs et des médecins du travail, et les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail qui ont été supprimés.
Pendant que l’État démantèle les déjà rares et insuffisantes protections, la course au profit entraîne le manque de personnel et l’intensification du rythme de travail dans des conditions de plus en plus déplorables. Il n’y a pas à chercher plus loin la cause de ces décès.