L’annonce des trois jours de carence et de la baisse de la rémunération du congé maladie pour les fonctionnaires a été la goutte d’eau dans l’Éducation. Cette mesure injuste est venue s’ajouter à la dégradation continue du pouvoir d’achat (le point d’indice est bloqué depuis des années alors que l’inflation est forte) et des conditions de travail. Le manque de moyens généralisé, les réformes rejetées par la profession mais imposées – comme le « choc des savoirs » (les groupes de niveau en collège), l’inclusion des élèves en situation de handicap sans moyens, les classes toujours plus nombreuses et l’accroissement de la charge de travail –, c’est cela le quotidien des personnels de l’Éducation. Auquel il faut rajouter la grande précarité de certains d’entre eux (AESH, AED et contractuels).
La grève appelée le 5 décembre par une intersyndicale très large et annoncée comme la première étape d’un mouvement a donc été une réussite. Dans le primaire, dont le personnel avait été bien énervé par les déclarations provocatrices de Sarkozy parlant des profs des écoles comme des fainéants, de nombreuses écoles étaient fermées et le taux de grévistes était autour de 60 % partout. Le second degré s’est mobilisé aussi, mais de façon plus variée.
Signe de la colère et d’une mobilisation naissante, de nombreuses AG de grévistes se sont réunies, avec la participation d’un nombre significatif de militants syndicalistes : 60 à Angers, 60 à Aulnay, 80 à Caen, 90 à Bordeaux, 100 à Cergy, 60 à Argenteuil…
Les manifestations, avec les autres secteurs de la fonction publique, ont donc été fournies et dynamiques. Elles ont rassemblé 200 000 personnes nationalement selon l’intersyndicale. Aux cris de « du cash, du cash pour les AESH ; du blé, du blé, pour les AED ; du pognon, du pognon, pour toute l’Éducation » ou « Gouvernement ou pas, la carence on n’en veut pas ».
La grève a donc été très suivie, bien que le gouvernement Barnier soit tombé la veille, avec son budget. Et les grévistes ont raison, car les attaques contre les enseignants et tous les salariés ne datent pas de Barnier… et vont continuer de pleuvoir quelle que soit « l’issue » trouvée par en haut par les formations politiques respectueuses des institutions. D’ailleurs, ça n’a pas attendu, car dès le 5 décembre, Barnier et Genetet, pourtant démissionnaires, se sont empressés de publier un nouveau décret sur les groupes de niveau en collège.
Dans cette situation, la politique proposée par l’intersyndicale est bien insuffisante. L’intersyndicale CGT-FSU-Solidaires évoque « une semaine d’actions sectorielles et territoriales », avec un « temps fort » le 12 décembre « pouvant aller jusqu’à la grève », ne proposant aucune perspective de convergence et d’unification de la lutte.
À l’inverse, les AG qui se sont réunies le 5 décembre ont souvent appelé à reprendre la grève le 12, avec une perspective de jonction avec les cheminots et les travailleurs du privé appelés à se mobiliser contre les plans de licenciements. Car oui, si des équipes de profs grévistes s’emparaient de cette date du 12 pour aller faire le tour des boîtes environnantes et pour aller sur des piquets de grève de cheminots, ce serait certainement un élément positif pour construire ce mouvement d’ensemble dont nous avons besoin pour gagner, dans l’Éducation comme dans les autres secteurs.
10 décembre 2024, Secrétariat branche Éduc