Nos vies valent plus que leurs profits

Les travailleurs et travailleuses de la chimie iséroise en grève contre les licenciements

Plus de 40 jours après le début de la grève à Vencorex, ce sont les salariés d’Arkema qui ont décidé, le 4 décembre, d’entrer en grève reconductible contre la fermeture annoncée de la moitié sud du site de Jarrie. La semaine précédente était annoncée la suppression de 238 emplois sur 308 à Valeo Saint-Quentin-Fallavier tandis qu’à Teamtex les 161 licenciés continuent de se mobiliser pour ne pas être jetés dehors sans indemnité supra-légale. Du côté de Photowatt, l’abandon du rachat par Carbon Solar laisse les près de 170 salariés dans l’incertitude. Ces licenciements représentent un échantillon seulement des 150 000 emplois menacés que recense la CGT.

Arkema Jarrie : grève illimitée contre la fermeture du site

À Arkema, la direction a annoncé, par communiqué de presse du mercredi 4 décembre, l’arrêt des activités chlore-soude, chlorure de méthyl et fluides techniques. Regroupées au sud de la plateforme de Jarrie, elles emploient 120 des 340 travailleurs et travailleuses du site. La direction dit « envisager de préserver » les activités eau oxygénée, chlorate et perchlorate mais, selon la CGT-Fnic de l’usine, cette séparation n’est pas viable et amorce en fait la fermeture complète du site. Déjà en grève quelques jours mi-octobre lorsque l’absence de reprise avait été annoncée pour Vencorex, les salariés d’Arkema discutent désormais de reconduire la grève à chaque assemblée générale.

Peu d’entre eux sont dupes des arguments de la direction visant à faire porter la responsabilité de la fermeture sur le désengagement de Vencorex. Avec un milliard de bénéfice annuel, Arkema aurait largement les moyens de préserver les emplois de Jarrie, voire ceux de Vencorex. D’autant plus que la manœuvre de division menée par Arkema est grossière : pour annoncer son plan, la direction a attendu que les salariés de Vencorex votent en faveur des primes de licenciements et de la reprise partielle du travail.

Vencorex : des indemnités supra-légales qui ne suffisent pas à stopper la mobilisation

Du côté de Vencorex, le vote favorable aux 40 000 euros de prime supra-légale et à la reprise partielle du travail, dans l’atelier tolonates, n’a pas mis fin à la mobilisation. Bien que le vote à bulletin secret, une première sur le piquet, ait limité les possibilités de pouvoir rediscuter et se convaincre, plusieurs salariés continuent la grève ou envisagent de la reprendre. Cette perspective se discute d’autant plus que les réunions organisées avec le ministre de l’Industrie démissionnaire n’aboutissent à rien et que BorsodChem, candidat à la reprise, se montre hésitant.

La journée du 12 décembre organisée par la CGT pour dénoncer les licenciements dans l’industrie sera l’occasion de démontrer de nouveau la combativité des travailleurs et travailleuses en lutte contre les fermetures d’usines. En Isère, l’intersyndicale de la fonction publique appelle à la grève ce jour-là, après la grève du 5 décembre. Pour prendre sur les profits afin de maintenir l’emploi, il faudra en effet ne compter que sur l’extension des grèves et l’organisation d’assemblées générales permettant leur organisation et leur reconduction. Pour s’y préparer, les salariés des boites menacées de licenciements ont tout intérêt à multiplier les liens entre eux et elles, afin que plus personne ne se retrouve isolé et que le rapport de force avec le patronat puisse s’inverser.

10 décembre 2024, Correspondant