À la suite du vote à l’Assemblée de la loi Immigration, des lycéens, lycéennes, étudiants et étudiantes ont commencé à se mobiliser contre la loi de Darmanin et de Le Pen à travers de nombreux blocus et manifestations où les jeunes constituaient le gros des cortèges : à Paris, Nantes, Lyon…
Dès jeudi, au lycée Turgot à Paris, le blocage a bien fonctionné, les lycéens étaient massés devant le bahut et n’avaient pas envie de rentrer, alors même que la direction avait fait débloquer la porte de derrière. Deux lycéennes juchées sur les poubelles ont fait un petit discours contre la loi immigration. Le blocage a duré toute la matinée.
Au lycée parisien Claude Monet, des élèves avaient déjà appelé à plusieurs assemblées générales qui ont eu un succès relatif. Mais la colère des lycéennes et lycéens s’est manifestée plus fortement vendredi par un blocus de l’établissement. Les élèves les plus mobilisés étaient généralement les mêmes que ceux qui bloquaient et mobilisaient leurs camarades de classe pendant la réforme des retraites.
Au lycée Sophie Germain, les élèves venus à 6 heures 30 vendredi pour l’installation du blocage avaient consulté leurs camarades par différents sondages sur les réseaux sociaux, leur parlant et les enjoignant à apporter des pancartes et des banderoles pour le jour J. Ici aussi, le blocus a été assez suivi avec plus d’une centaine d’élèves restant devant les quelques poubelles entassées devant la porte principale à midi. Une réussite quand on sait que bon nombre de blocus sont d’habitude cassés par la police et l’administration dès les premières minutes de l’installation.
À Claude Monet, les discussions et les slogans portaient surtout sur le racisme de cette loi et dans une certaine mesure, sur la manière dont les travailleurs et les travailleuses, avec ou sans papiers, étrangers ou français, pouvaient se mobiliser ensemble contre un même ennemi : le patronat. À Sophie Germain, si nombre de slogans et de pancartes ciblaient effectivement cette loi, présentée comme une « victoire idéologique » par l’extrême droite, les élèves prenaient surtout à partie les policiers venus en nombre pour un simple blocus. Ils étaient près d’une trentaine avec près de cinq camions de CRS dépêchés pour l’occasion. La flicaille n’a pas fait que surveiller de loin, bien au contraire. Dès l’installation de la petite barricade, les élèves ont été réprimés violemment : une lycéenne s’est fait étrangler et pousser, elle a dû être emmenée immédiatement aux urgences.
Les étudiants ne sont pas en reste, malgré le début des vacances et la tenue des partiels : 100 personnes en assemblé générale à l’ENS Lyon, banderoles à Paris Cité, blocus à Tolbiac, Sciences Po Lyon, Saint-Denis.
Certains élèves mettaient en avant le racisme de la bourgeoisie et de l’État français en même temps que d’autres soulignaient la précarisation des sans-papiers et la montée de l’extrême droite au slogan principal de « La jeunesse emmerde le Front national ! ».
Grâce à la mobilisation en cours contre les massacres à Gaza, de nombreux jeunes voient le lien entre cette attaque contre les sans-papiers et la colonisation sanglante par l’armée israélienne, chienne de garde de l’impérialisme occidental (« Au Nord ils expulsent, à Gaza ils bombardent »). Car, que ce soit la loi immigration, les polémiques islamophobes et réactionnaires à répétition ou la colonisation israélienne, il est toujours question de la politique d’une classe qui préfère détourner la lutte sociale par le racisme et la xénophobie.
En ce sens, les vacances en cours ne marquent sans doute qu’une trêve avant que, petit-à-petit, la jeunesse ne parvienne à organiser une mobilisation plus massive avec des cortèges communs dans les manifestations et une meilleure coordination des actions. Ces premières AG et premiers blocus, quoique relativement restreints, ne sont sans doute qu’un début et ni les Darmanin ni les Le Pen ne pourront faire taire la mobilisation à venir aussi facilement.
Espérons que cette perspective leur gâche les fêtes : rendez-vous à la rentrée !
Armand Sène