Dernier en date des exploits de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et de son allié des Jeunes agriculteurs : l’érection d’un mur en parpaings pour bloquer symboliquement à Paris l’entrée de l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Et dans la foulée, d’accuser l’Institut d’organiser « la décroissance », de ne plus leur « donner des moyens » de produire et de leur imposer toujours plus de « contraintes ». Leur action a été condamnée du bout des lèvres par la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, qui s’est dite dans la foulée prête à les recevoir. La FNSEA, syndicat majoritaire, multiplie les actions coups de poing et les déclarations fracassantes pour tenter de ne pas se laisser doubler sur sa droite, par la Coordination rurale, en vue des élections aux chambres d’agriculture prévues en janvier prochain. Mais si la FNSEA et ses amis surfent sur une réelle colère paysanne en mettant en cause, pêle-mêle, les écologistes, l’Union européenne, le Mercosur, les normes administratives, l’interdiction des pesticides, etc., ils se gardent bien de dénoncer l’agriculture capitaliste et les gros propriétaires – qui contrôlent l’essentiel des coopératives agricoles et la banque Crédit agricole – principaux responsables de la misère des dizaines de milliers de petits agriculteurs. Ce n’est pas étonnant, la FNSEA est justement un des instruments de l’agrobusiness au sein du monde rural.