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Coupe du monde de rugby : l’Afrique du Sud l’emporte, un arc-en-ciel bien palot

 

 

Après une cérémonie patriotique et pathétique ouvrant six longues semaines de compétition, c’est l’Afrique du Sud qui a remporté la dixième Coupe du monde de rugby, organisée en France. Pas vraiment une surprise, car elle a remporté quatre des huit compétitions qu’elle a disputées. Les deux premières Coupes du monde avaient été jouées avant 1994, c’est-à-dire avant la fin de l’apartheid, interdisant à la nation aujourd’hui dite arc-en-ciel d’y prendre part. Une supportrice expliquera à l’issue de la victoire d’un point contre la France en quart de finale, que « l’Afrique du Sud en avait plus besoin que vous ! ». Ce scénario étriqué et pas très spectaculaire se reproduira pour les deux derniers matchs, encourageant là bien des superstitions…

En effet, cette victoire, méritée sur le plan sportif, quoiqu’un brin chanceuse, revêt en Afrique du Sud une importance toute particulière. Alors que le rugby a été un des symboles de la ségrégation, car seul les blancs pouvaient pratiquer ce sport, la population est aujourd’hui sommée de célébrer cette équipe pluri-ethnique. Et il est vrai que, pour qui se rappelle quel régime infâme était celui de l’Apartheid (avec quelques résonances du côté du Proche-Orient), voir ces colosses noirs ou blancs se tomber dans les bras une fois le coup de sifflet final entendu a forcément quelque chose d’émouvant.

Toutefois, les problèmes immenses auxquels sont confrontés les travailleurs sud-africains ne disparaissent pas à mesure que les coupes du monde s’empilent. L’accès au partage du pouvoir par une bourgeoisie noire aura certes fait cesser l’apartheid, mais pas les problèmes sociaux, et donc aussi raciaux, imposés aux townships : pauvreté et chômage induisent une criminalité unique au monde. À cela s’est ajoutée récemment l’inflation, une crise de l’électricité et un manque d’entretien généralisé d’infrastructures minées par la corruption. Pour la première fois de son histoire, c’est un capitaine noir, Siya Kolisi, qui présidait aux destinées de son équipe, et qui n’a pas ménagé sa peine sur le terrain et en dehors pour expliquer que la « diversité était la force de notre pays ». Un discours généreux, et tout à fait dans la ligne de ceux de l’ANC depuis son accès au pouvoir, mais qui masque bien mal le maintien dans la précarité et la pauvreté de la population du pays le plus industrialisé d’Afrique !

Philippe Caveglia