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Législatives en Allemagne : montée de la droite et de l’extrême droite

Manifestation contre la soirée électorale de l’AFD lors des élections régionales. Pankow (blankenbug), banlieue berlinoise, 1er septembre 2024

Après quatre ans de gouvernement sous la direction du chancelier social-démocrate Scholz, la droite est de retour. Mais si la CDU de Friedrich Merz se félicite d’avoir gagné ces élections, en arrivant en tête avec 28,5 % des suffrages exprimés, c’est quand même le deuxième plus mauvais résultat de son histoire. Cela dit, les vrais perdants sont les partis du gouvernement sortant dont la politique a été sanctionnée sévèrement par l’électorat – bien mérité ! Le SPD de Scholz tombe à 16,4 %, les Verts à 11,6 % et le FDP libéral est carrément éjecté du Parlement avec 4,3 % (car il existe une barre à 5 %, loi peu démocratique, pour tenir hors du parlement les petits partis).

Ce qui doit nous inquiéter, c’est la montée de l’AfD, ce parti d’extrême droite qui a doublé son score avec 20,8 % (plus de 10,3 millions de voix). Le vote pour ce parti raciste, sexiste et néolibéral, qui est un ennemi de la classe ouvrière, est encore plus massif en Allemagne de l’Est (sauf Berlin), où il obtient plus de 30 %… et dans certains villages ou petites villes dépasse les 70 %.

Au niveau national, ce sont surtout des franges de la classe ouvrière qui votent pour l’AfD (parmi les électeurs qui se disent « ouvriers » dans les sondages « sortie des urnes », 38 % ont voté AfD, donc presque le double du score général). Un vote qui exprime soit la frustration envers tous les partis établis qui ont participé à des gouvernements qui se sont attaqués à la classe ouvrière (y compris Die Linke, le parti de gauche, au niveau régional), soit l’aveuglement à croire les mensonges selon lesquels ce serait la faute à l’immigration s’il n’y a pas assez de logements, de bons emplois ou d’argent pour le service public. C’est pourtant la logique capitaliste du marché et du profit qui fait grimper les prix des loyers et qui pousse des entreprises comme Volkswagen à licencier des dizaines de milliers de personnes malgré leurs dizaines de milliards de bénéfices.

Une politique d’extrême droite ou de droite extrême ?

Merz exclut pour l’instant une coalition avec l’AfD et l’issue très probable est une coalition avec la social-démocratie comme on l’a eue sous Merkel. Mais le contexte a changé et Merz n’est pas Merkel. L’AfD n’a même pas besoin d’être au gouvernement pour que se mène une politique raciste dans l’intérêt des super-riches qu’elle représente. Merz, pendant la campagne électorale, a voté avec l’AfD une « loi sur la limitation de l’afflux » – complicité droite-extrême droite qui a fait descendre des millions de personnes dans la rue –, tandis que Scholz s’est vanté pour le SPD du nombre d’expulsions qui auraient augmenté de 70 % sous son gouvernement.

Ceux qui gouverneront à l’avenir sont d’accord pour continuer leur démagogie anti-immigrée afin de diviser et de pouvoir mettre en œuvre plus facilement leurs attaques contre le monde du travail. Il est déjà question de coupes massives contre les chômeurs, l’abolition ou la limitation du maintien du salaire en cas de maladie, et une augmentation de l’âge de départ en retraite.
Nous devons nous préparer à ces attaques. Cela signifie avant tout que nous devons être prêts à y opposer une résistance massive pour qu’ils échouent !

2 mars 2025, Toni Robert

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