Nos vies valent plus que leurs profits

SNCF : à Lyon, les grévistes construisent leur mobilisation !

Dans la région lyonnaise, les assemblées générales des principales gares ont reconduit la grève contre la réforme des retraites toute la semaine. Dans cette lutte, les grévistes de la SNCF multiplient les initiatives, à la base, pour étendre le mouvement.

Lundi, au technicentre Lyon-Gerland

Dès lundi, 4 heures 30 du matin, environ 70 cheminots en grève sont rassemblés devant le technicentre Lyon-Gerland où est assurée, 24 heures sur 24, la maintenance de matériel TGV. Un barrage filtrant est en place pour discuter avec les travailleurs qui arrivent et repartent du boulot. Loin d’observer une défiance entre grévistes et non-grévistes, les discussions sont chaleureuses. On parle retraite bien sûr, mais aussi du sous-effectif et des salaires loin de suivre l’inflation galopante, qui est d’autant plus durement ressentie que les travailleurs de la maintenance sont parmi les plus mal payés de la boîte.

Pas étonnant que chez les salariés du technicentre au boulot, la colère soit aussi grande que chez les grévistes. Beaucoup qui hésitaient à rejoindre le mouvement trouvent le courage de sauter le pas en voyant des collègues en lutte et déterminés à étendre la grève pour faire plier Macron et le patronat derrière lui. Ceux qui participent au piquet distribuent des D2I, ces formulaires de « déclaration d’intention individuelle » que doivent remplir et remettre à leur direction la plupart des salariés du transport, 48 heures avant de se mettre en grève. Beaucoup de non-grévistes s’en emparent volontiers, affichant ainsi leur volonté de rejoindre la lutte.

Jeudi, au triage de Sibelin

Quatre jours plus tard, jeudi 7 heures, même opération au triage de Sibelin, une des plus grosses gares de triage de la SNCF située au sud de la banlieue lyonnaise. Cette fois, ils sont un peu moins nombreux, une vingtaine à laquelle se sont joints quelques profs et étudiants. Mais, encore une fois le piquet est très apprécié et pas seulement par les salariés SNCF de ce site au cœur de la vallée de la chimie. Les grévistes ont ainsi l’occasion de s’adresser à des ouvriers de Geodis, filiale du groupe, ou de Rhône-Gaz, une entreprise gazière implantée juste à côté et dont les ouvriers profitent de la pause du matin pour venir discuter sur le piquet. L’occasion de se rappeler que réforme des retraites et salaires de misère concernent les travailleurs de tous les secteurs !

La grève aux grévistes !

Au-delà de la compréhension manifeste que seule une grève militante, avec la préoccupation de s’adresser largement au monde du travail, pourra nous donner la victoire, ces deux actions ont en commun d’avoir été organisées à la base, par des grévistes qui n’ont pas attendu le signal de structures syndicales pour se mettre en mouvement.

L’initiative du piquet de Gerland avait été prise quelques jours plus tôt, en manifestation, quand des travailleurs du site étaient venus s’adresser à leurs collègues de la gare de la Part-Dieu, non pas parce qu’ils étaient membres de tel ou tel syndicat mais parce qu’ils étaient reconnus comme des travailleurs en lutte, capables d’organiser de telles actions. Ayant eu vent de l’action, Sud-Rail Lyon avait appelé à rejoindre l’initiative, suivi par la CGT.

Les grévistes de la Part-Dieu et du technicentre Lyon-Gerland ont donc réussi ce qui paraissait impossible du fait des querelles des deux principaux syndicats de la région : unir dans une même action gréviste syndiqués à la CGT, à Sud et non-syndiqués. En effet, depuis le début du mouvement, dans la région lyonnaise, Sud-Rail et la CGT cheminots appellent à des AG et actions séparées. Ils montrent ainsi que leur souci de garder le contrôle sur ceux qu’ils considèrent comme leurs ouailles est, pour eux, plus important qu’unifier les travailleurs dans la lutte.

Quelques jours plus tard, ce sont encore des grévistes, à la base, syndiqués à la CGT, Sud ou non-syndiqués qui étaient à l’initiative.

Oui, une autre politique est possible pour les grévistes quand ils se saisissent collectivement de leur mouvement !

Correspondants