Pas un jour ne se passe désormais sans que les salariés de la plus grosse structure associative du secteur social de la métropole rouennaise ne soient confrontés aux conséquences dramatiques de la grande braderie organisée par les pouvoirs publics à leur égard. Par exemple, pour les collègues de l’Uras de la rue de Joyeuse, à l’angoisse de leur avenir depuis l’annonce il y a plusieurs mois de la fermeture de ce foyer d’hébergement pour personnes en grande précarité, s’ajoute désormais celle des conditions de travail devenues dangereuses faute de personnel qualifié, notamment d’encadrants techniques. La semaine dernière, on est ainsi passés tout près d’un grave accident dans les cuisines. La responsabilité de la direction, actuellement assurée par une intérimaire missionnée dans l’urgence après la démission soudaine de l’ancien directeur (et qui revient à 1000 euros par jour à l’association alors que les finances sont « au rouge ») est certes clairement engagée, mais derrière elle, c’est celle de l’État via la DETS et la préfecture qui l’est !
Les AAVA (les ateliers d’adaptation à la vie active) vont être supprimés. Ce sont des ateliers qui permettent, surtout à des personnes sans-papiers, de faire un petit travail pratique tout en étant rémunérés. Soixante d’entre elles sont concernées. Il s’agit d’un choix politique qui correspond bien à la tendance actuelle du gouvernement : faire la chasse aux sans-papiers ! L’arrêt des AAVA n’a même pas été annoncé aux premiers concernés ni par la direction ni par le coordinateur en charge de ces ateliers. Pour les intéressés, pourtant, cette annonce est pourtant bien loin de se résumer à une ligne budgétaire qui saute.
Ce qui se passe aujourd’hui à Émergences est le reflet de la désorganisation du secteur social orchestrée au plus haut niveau de l’État. Émergences est loin d’être un cas isolé. Pour preuve, le rapport de la Cour des comptes d’octobre 2024 qui a pointé une budgétisation insuffisante et un paiement tardif des structures dites d’urgence. Lors de l’assemblée générale qui s’est tenue le 3 mars aux Cèdres, la grève a été décidée pour le lundi suivant, avec un rassemblement dans le hall du secrétariat général dès 7 h 30. Il faut se donner les moyens de mettre fin à la grande braderie du social !
Correspondant