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Automobile — Non aux licenciements chez Audi en Belgique 

Capture d’écran (RTBF)

Entre 5 500 et 10 000 travailleurs (accompagnés de délégations étrangères d’autres usines du groupe Volkswagen) ont manifesté lundi 16 septembre 2024 dans les rues de Bruxelles pour protester contre les menaces de fermeture de l’usine d’assemblage automobile Audi à Forest, en banlieue bruxelloise.

Lundi 9 juillet, la direction avait annoncé la fin de la production sur ce site de l’Audi Q8, seule voiture montée sur place. Elle indiquait ensuite qu’aucun autre modèle de groupe Volkswagen ne serait plus produit dans cette usine. Trois mille travailleurs (1500 cette année et 1100 l’an prochain) plus tous ceux, employés par des entreprises sous-traitantes sur le site Audi, se retrouveraient ainsi licenciés rapidement. La direction se contente de parler d’éventuels repreneurs futurs.

Cette annonce avait précédé les cinq semaines de vacances et de chômage pour les travailleurs. À la reprise, le 20 août, une assemblée était organisée par les syndicats devant l’usine avec 600 travailleurs. Une autre, organisée ensuite par la direction elle-même, a eu lieu dans une salle de concert qui a réuni 1300 travailleurs. Devant l’usine, des tentes ont été montées, surtout par des travailleurs des entreprises sous-traitantes.

6,2 milliards de bénéfices pour le groupe Audi

Rapidement, les syndicats avaient annoncé la préparation d’une grande manifestation le 16 septembre. Un petit bras de fer avait eu lieu entre direction et syndicats avant cette manifestation : 200 clefs des voitures garées sur le parking et prêtes à être livrées, avaient été empochées par des ouvriers : un petit trésor de guerre ! Mais le véritable trésor de guerre, c’est le groupe Audi qui l’a, pour le moment : un bénéfice en 2023 de 6,2 milliards d’euros après impôts. Livraisons des voitures Audi en 2023 : + 17,4 % par rapport à 2022. De l’argent, il y en a dans les caisses du patronat. En Belgique, en France, comme ailleurs !

Ce petit bras de fer s’est vite terminé par un accord entre la direction et les syndicats : les clefs sont rendues, la reprise du travail doit avoir lieu après la manifestation du 16 septembre (et a eu lieu), les salaires des jours non travaillés seront payés et des négociations vont s’ouvrir.

Du côté syndical, la perspective d’un repreneur de l’usine est la seule perspective proposée actuellement. Le syndicat FGTB (Fédération générale du travail de Belgique) attend « des infos concrètes sur une société asiatique (qui pourrait reprendre l’usine) et sur son degré d’intérêt ». L’autre syndicat, la CNE (Centrale nationale des employés), attend « des alternatives concrètes, crédibles et réalistes ».

Colère des ouvriers de la sous-traitance

Donc reprise du travail le 17 septembre. Mais de leur côté, ce même 17 septembre, les ouvriers des entreprises sous-traitantes, après avoir campé devant l’usine, bloquaient l’entrée principale de l’usine, en colère et pas prêts à se laisser faire, conscients qu’en cas de fermeture définitive de l’usine, leurs conditions de départ dans ces petites entreprises seraient les plus mauvaises.

L’avenir des travailleurs, de tous les travailleurs de l’usine et des sous-traitants, n’est pas dans la recherche d’une solution industrielle qui risque, comme à chaque fois, de se terminer par des licenciements, des primes en moins et des conditions de travail dégradées. L’avenir est à la lutte.

17 septembre 2024, Paul Galler

 

 


 

 

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