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Dossier : Nouvelle vague de licenciements et fermetures de sites chez les constructeurs automobile et leurs sous-traitants

Le secteur automobile subit depuis plusieurs mois une accélération des plans de suppressions de postes et de fermetures de sites dans toute l’Europe.

En Allemagne c’est évidemment le sous-traitant automobile ZF qui a fait parler de lui en annonçant 14 000 suppressions d’emplois en Allemagne, où un sous-traitant sur trois menace de délocaliser pour raisons de compétitivité, selon la Fédération des constructeurs automobiles allemands (VDA), ce serait l’équivalent de 270 000 emplois qui seraient menacés.

En France, depuis des semaines, la liste des sous-traitants menacés s’allonge : après MA France (fermeture et 280 postes supprimés), c’est donc Valeo (trois sites menacés : plus de 1 000 emplois), Bosch (deux sites menacés), Imperiales Wheeles, Walor, Forvia (ex-Faurecia), Continental, Plastic Omnium (désormais OP Mobility), Marelli, Dumarey (ex-Punch Strasbourg), Novares (en Alsace aussi) et bien d’autres… Chez Michelin, ce sont trois sites – à Cholet (Maine-et-Loire), Vannes (Morbihan) et Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire) – qui attendent d’être fixés sur leur sort.

Et cette vague chez les sous-traitants n’est pourtant que le prélude à celles qui menacent chez les constructeurs. En Allemagne, le numéro 2 mondial Volkswagen, a annoncé vouloir fermer des usines, avec des milliers de licenciements secs à la clé. Depuis juillet, l’usine Audi de Bruxelles, du même groupe VW, est dans le viseur d’un plan massif de licenciements ou de fermeture. En France, le site Stellantis de Poissy est menacé de fermeture à l’horizon 2028-2029. En Espagne, Stellantis menace aussi le site de Madrid, tandis que Ford annonce des dizaines de milliers de suppressions d’emplois en Europe, notamment la fermeture des sites de Genk en Belgique et de Sarrelouis en Allemagne (frontière française) dès 2025.

Or l’automobile ne coordonne pas que de la métallurgie et les fermetures de sous-traitants s’étendent évidemment à d’autres branches (chimie, logistique, etc.).

Aucun des licencieurs n’est « en difficulté »…

Contrairement à ce que laissent entendre certains, soucieux de trouver des « solutions industrielles » entreprise par entreprise ou de quémander des « stratégies industrielles » au gouvernement : parmi tous ceux qui menacent de licencier, aucun n’est « en difficulté ». Tous font de magnifiques bénéfices et se posent comme des requins à l’assaut du marché mondial. C’est vrai pour Toyota (29 milliards de bénéfices net), Stellantis (18,6 milliards), Volkswagen (17,9 milliards), ou Ford (4 milliards et un chiffre d’affaires en progression)… Car la baisse des ventes n’est que « prévisionnelle » : selon l’Organisation internationale des constructeurs automobiles (OICA) les ventes de véhicules neufs dans le monde ont augmenté de 12,7 % en 2023 pour atteindre 92,7 millions. Après 79,7 millions en 2020, 83,6 millions en 2021, 82,9 millions en 2022, le marché automobile mondial a donc retrouvé l’an dernier ses niveaux d’avant-Covid (92,1 millions en 2019).

… C’est aussi vrai de leurs sous-traitants !

Pour ne prendre que l’exemple de Valeo, une multinationale elle-même donneur d’ordre pour des sous-traitants « de rang 2 » : en 2023, elle pesait 221 millions de bénéfices net, en léger recul, mais avec une progression du chiffre d’affaires de 11 %. Tous ces sous-traitants font des profits et tous les donneurs d’ordre, quel que soit leur rang (y compris Valeo), font peser des conditions toujours revues à la baisse sur leurs sous-traitants, conditions que ces derniers s’empressent de faire peser sur leurs salariés : gains de productivité, fermetures, licenciements et suppressions de postes pour les uns, surcharge pour ceux qui restent.

Mais la reconversion vers l’électrique (voir notre article sur le site) est évidemment l’occasion de toutes les restructurations et le prétexte à tous les chantages, notamment aux subventions pour financer licenciements et fermetures de site.

Léo Baserli

 

 

 

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