Capitalisme américain : le culte de la richesse (1870-2020)
Série documentaire en trois épisodes, disponible sur Arte.tv jusqu’au 1er janvier 2026
Le site d’Arte met en ligne la série réalisée par le journaliste Cédric Tourbe avec le directeur de l’EHESS, Romain Huret. Cette série a le mérite de montrer comment le personnel politique et l’État américains ont toujours été au service du capital et des plus riches. Le journaliste rappelle que les capitalistes n’ont pas hésité à utiliser la répression la plus féroce, comme lors du massacre de Ludlow en 1914 au cours duquel la garde nationale a exécuté froidement 26 grévistes dont de nombreuses femmes et enfants. Il rappelle les intrigues politiques auxquelles se livrent les quelques dirigeants les plus riches pour faire élire leur candidat favori.
La série souffre malheureusement du point de vue des deux auteurs, pour qui le clivage politique américain se situe fondamentalement entre les « réformateurs », partisans d’une certaine régulation du capitalisme, que seul le démocrate Roosevelt aurait été capable de mettre en place pendant la courte période du New Deal, s’attirant la haine des grands capitalistes, et les « conservateurs », partisans du libre marché intégral. Or le capitalisme américain a non seulement très bien su s’arranger de la politique de Roosevelt, mais, comme le montre la suite du documentaire, en avait besoin pour pouvoir affronter la Seconde Guerre mondiale et assurer le repartage du monde par les armes. Ce parti pris ne permet pas non plus de saisir les contradictions internes du capitalisme, qui expliquent que, malgré les différentes lois anti-trusts, le capitalisme soit de plus en plus concentré entre les mains d’une poignée toujours plus réduite de capitalistes.
Enfin, on regrettera que cette série n’aborde quasiment pas la question de l’industrie d’armement, qui a pourtant joué un rôle fondamental dans l’essor de l’impérialisme américain au XXe siècle.
Ce documentaire reste malgré tout à voir, ne serait-ce que pour les images d’archive intéressantes qu’il présente.
Aurélien Pérenna