Très beau succès du festival « Des bâtons dans les routes » organisé ce week-end à Léry, dans l’Eure, à l’initiative de tous les collectifs militants opposés à la construction d’une nouvelle autoroute payante (l’A133-A134) baptisée faussement « contournement Est de Rouen ». Ce projet vieux de 70 ans et qui suscite de plus en plus de rejet parmi la population locale fait partie des grands projets de bétonisation destructeurs de l’environnement, des espèces, des surfaces de forêt, des captages d’eau et des surfaces cultivables. 41 kilomètres d’autoroute, 8 viaducs, 10 échangeurs qui vont coûter plus de 1,5 milliard d’euros d’argent public. Un grand projet inutile en fait, comme il y en a beaucoup d’autres avec le capitalisme. Seulement utiles aux profits des grands groupes bétonneurs comme Vinci. Moins de camions dans l’agglomération rouennaise ? Il faudrait plutôt déjà diminuer le nombre de camions sur les routes… en établissant la priorité au fret ferroviaire et fluvial et donc aux infrastructures nécessaires !
La présence des Soulèvements de la Terre au festival avait affolé les autorités préfectorales… qui voulaient faire survoler la zone par des drones. La procédure de contestation en référé de cette pratique policière qui tend à devenir la norme a été gagnée par les associations vendredi 6 mai, premier jour du rassemblement. Plusieurs milliers de personnes ont donc pu participer à toutes les activités de la mobilisation sans être survolées en permanence par les espions de Darmanin. Dimanche 8 mai, l’envahissement par plusieurs centaines de manifestantes et manifestants, au nez et à la barbe de deux compagnies de CRS, des quatre voies de l’autoroute de Normandie près d’Incarville durant plus d’une heure a été un des moments les plus marquants du week-end. Ils et elles y ont érigé des branchages en guise de barricades symbolisant leur combat et se sont repliés ensuite dans la profondeur de la forêt de Bord, laissant les CRS déblayer les voies. De nombreux débats ont eu lieu également, ainsi que des actions de mise en protection de la forêt (filins reliant les arbres entre eux par exemple pour empêcher leur coupe, peinture sur les troncs du sigle de protection de l’ONF…).
L’avertissement est donné : si les travaux démarrent, la forêt sera occupée, une nouvelle ZAD verra le jour. Comme à Sainte-Soline contre les mégabassines, ou contre le projet autoroutier Castres-Toulouse, le combat contre ce mégaprojet écocide se combine au rejet de la soumission du vivant aux intérêts des grands groupes capitalistes.
Marie Darouen