Nos vies valent plus que leurs profits

Des directions syndicales bien timorées !

Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas
Paris, 2024-12-05.

C’est avec la bénédiction du Medef que tout le petit monde des directions syndicales s’est rendu bien sagement vendredi 17 janvier à la première session du « conclave » lancé par Bayrou. Il y avait la CGT, FO, la CFDT, la CFTC, la CGC, l’Unsa… Ni Solidaires ni la FSU n’avaient été conviés, au grand dam du secrétaire national de cette dernière, Benoît Teste, qui ne « comprend pas pourquoi ne pas avoir été invité ». Au lieu de renverser la table, on préfère s’y assoir et discuter avec les ennemis de la classe ouvrière. Pas la peine d’attendre la moindre fumée blanche, car l’enfumage est déjà bien en cours.

Vers un grand bla-bla de six mois…

Bayrou, qui connaît son monde, a offert aux dirigeants syndicaux six mois de parlottes pendant lesquels ils pourront adopter un langage « radical »… sans aucun moyen de faire reculer un patronat qui, lui, a plébiscité la réforme Borne. Le cadre même, fixé par Bayrou, permet au Medef de faire traîner en longueur, pour aboutir, selon le souhait de Bayrou, à un projet qui serait présenté à l’Assemblée… en mai prochain. En attendant la loi actuelle va suivre son cours car contrairement à ce qu’a déclaré Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT le 16 janvier, elle n’a en rien été « mise sur pause ». D’ailleurs, comme par hasard, mai prochain, c’est à la veille de la date à laquelle Macron aura à nouveau la main sur une éventuelle dissolution ! Mais, au vu des positions du PS et du RN, pas du tout sûr qu’il en ait seulement besoin !

Retraites : objectifs abandonnés en rase campagne…

Quant aux objectifs de toute façon que se donne la CFDT autour de la table, la même Marylise Léon expliquait : « Notre position aujourd’hui, c’est le retour à 62 ans. Après, il y a l’équilibre budgétaire, la possibilité de faire reconnaître des critères… Tout ça fera un ensemble. » Se préparer à négocier le retour à 62 ans en annonçant par avance que les 62 ans peuvent être sacrifiés sur l’autel de l’équilibre budgétaire, voilà qui fera plaisir aux négociateurs du Medef…

Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, n’est pas en reste. À la veille du discours de Bayrou, elle expliquait sur le plateau de BFMTV : « Ce qu’on attend dans le discours de politique générale demain, c’est que le Premier ministre ouvre le chemin vers l’abrogation de la réforme. La première étape, c’est un gel immédiat de l’application de la réforme. » Plus précisément, elle expliquait : « Aujourd’hui, ce qui s’applique, c’est 62 ans et demi. Ce qu’on demande, c’est bloquer les curseurs immédiatement à 62 ans et demi. » Sophie Binet ne demande donc pas l’abrogation, mais que Bayrou « ouvre le chemin » dans cette direction… Et elle ne demande même plus la « suspension » immédiate de la réforme, mais son « gel » au niveau actuel…

La négociation à trois francs six sous sur la réforme des retraites… pour ne pas s’occuper des attaques actuelles

Les directions syndicales restent dans une posture « responsable » vis-à-vis du patronat, autrement dit elles ne lèveront pas le petit doigt pour organiser la riposte à l’austérité (pour les classes populaires !) que prépare Bayrou, ni à l’offensive actuelle du patronat qui licencie à tour de bras et appauvrit des régions entières en fermant des usines. C’est d’ailleurs bien à cela que l’on voit que les partis de la gauche institutionnelle comme les directions syndicales s’appuient sur le rejet par la population de la réforme des retraites pour avoir l’air « radicaux » – et encore… – tout en laissant de côté les autres problèmes essentiels que connaissent dans l’immédiat les travailleurs : les licenciements, qui touchent une énorme fraction de la classe ouvrière, et l’austérité annoncée.

Marie Darouen, Jean-Jacques Franquier, Léo Baserli