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Le bio, outil marketing du capital ou vraie alternative ?

L’agriculture dite biologique – par opposition à l’agriculture dite conventionnelle – est encadrée par la loi européenne depuis les années 1990 et est définie comme un ensemble de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, de la santé humaine et du bien-être animal et de la biodiversité1.

Bien que cette pratique soit de plus en plus répandue, seulement 1,6 % des terres agricoles sont actuellement certifiées comme cultivées en bio dans le monde en 2022. Pourtant, c’est un marché plutôt juteux puisqu’il pesait la même année près de 125 milliards d’euros, dont une bonne partie d’importations et d’exportations !2

Car oui, le bio s’exporte plutôt bien, notamment pour l’alimentation du bétail mais aussi pour permettre ou prolonger la disponibilité de certains produits sur les étals des supermarchés. C’est par exemple grâce à l’exploitation dans des conditions inhumaines de travailleurs et travailleuses souvent sans papiers que les entreprises d’Almería en Espagne, approvisionnent l’Europe en tomates durant toute l’année, et surtout en hiver. Au diable la saisonnalité, place aux hectares de serres chauffées3. Pas besoin d’aller très loin donc pour voir en action l’industrie du bio et ses nombreux ravages. Comme s’il fallait encore le prouver, le capitalisme peut faire feu de tout bois, et le bio n’échappe pas à l’incendie.

De plus en plus à la mode malgré son coût, la demande pour le bio ne cesse d’augmenter avec un essor de 10 % au niveau mondial lors de la pandémie. Ça n’est donc pas un hasard si la plupart des grandes enseignes de l’industrie agro-alimentaire ne cessent d’élargir leur gamme de produits bio. Mais qui dit plus grande demande dit intensification de la production, et bien que le cahier des charges pour le bio en France soit relativement contraignant, notamment pour les petits producteurs, il n’empêche pas les grands industriels – qui ont les moyens car en bio tout coûte plus cher – de produire massivement du bio. En effet, l’agriculture bio n’est pas nécessairement synonyme d’agriculture raisonnée comme le marketing voudrait nous le faire croire.

Alors faudrait-il arrêter le bio ? Non, c’est plutôt avec le capitalisme qu’il faudrait en finir ! Car même si l’agriculture biologique est par définition plus écologique que l’agriculture conventionnelle – dont les rendements reposent en grande partie sur un usage massif de produits phytosanitaires en tout genre, néfastes pour la santé et l’environnement – les capitalistes savent aussi se verdir afin de tirer des bénéfices en industrialisant le bio. C’est pourquoi il est plus que jamais nécessaire de nous emparer de ces questions, mais surtout de la société !

Flora Marilla

 


 

 

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1 Agence Bio, groupement d’intérêt public chargé de l’agriculture bio en France qui regroupe les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique ainsi que des professionnels du secteur.

2 Willer, Helga, Bernhard Schlatter, Jan Trávníček, The World of Organic Agriculture. Statistics and Emerging Trends 2023, Research Institute of Organic Agriculture FiBL, Frick, and IFOAM – Organics International, Bonn. Online Version 2 of February 23, 2023.

3 Édifiante enquête de Stéphane Mandard, 2 septembre 2019. « En Andalousie, plongée dans l’enfer des serres de tomates bio », Le Monde.