Nos vies valent plus que leurs profits

« On est resté sur notre position de ne pas se laisser intimider »

Interview de L., militante du NPA-R 41, du Collectif inter-organisations Palestine 41 et de l’Association France-Palestine solidarité 41. Le 18 décembre, notre camarade L. a été convoquée par la police et placée en garde à vue pendant deux heures et demie pour une accusation d’« apologie du terrorisme ».

Suite à ta convocation au commissariat fin décembre pour apologie du terrorisme peux-tu nous dire quelles sont les suites ?

L’affaire a été classée sans suite par le procureur pour défaut de caractérisation de l’infraction, donc il n’y a pas de suites judiciaires. L’avocat va essayer de savoir qui est derrière la plainte, mais comme l’affaire a été classée sans suite, le procureur n’est pas tenu de donner une copie de la procédure.

Suite à cette bonne nouvelle, quelles sont les perspectives pour le collectif inter orga et l’AFPS 41 ?

Cette convocation a touché au-delà du collectif. Des personnes qui ne se mobilisaient pas forcément sur la Palestine ont exprimé leur soutien en se déplaçant de loin pour être présentes devant le commissariat. C’est important qu’on soit solidaires les uns les autres et qu’on se serre les coudes quand il y a des attaques comme ça. On en a plus que jamais besoin ces temps-ci.

En octobre, le préfet du Loir-et-Cher avait tenté d’interdire les distributions de tracts et les manifestations pendant les trois jours des Rendez-vous de l’histoire, en prenant un arrêté d’interdiction. Les avocats de la CGT et de la FSU, qui font partie du Collectif inter-organisations Palestine 41, ont réussi à faire suspendre l’exécution de cet arrêté. La convocation du 18 décembre était donc une deuxième attaque contre la liberté d’expression dans le Loir-et-Cher, ce qu’on n’avait jamais vu depuis des décennies.

Au niveau du collectif inter-orga, nous avons toujours des perspectives d’action, différentes modalités de mobilisation. Même si la convocation au commissariat a un peu freiné les choses, toutes les échéances ont été tenues, que ce soit avant ou après. On est resté sur notre position de ne pas se laisser intimider et ça a fonctionné. On avait prévu une distribution de tracts devant une usine d’armement, l’usine Sermat dans l’Indre. Elle a eu lieu après la réception de la convocation du commissariat. Trois jours après, nous sommes intervenus dans un rassemblement à Tours, on ne s’est encore une fois pas laissé intimider et ça a été l’occasion de remercier le Collectif Palestine 37 de la solidarité qu’il a exprimée au moment de la garde à vue en se déplaçant devant le commissariat avec toutes les autres organisations. Le 28 décembre il y avait une manifestation de solidarité avec le peuple palestinien à Vendôme, le collectif s’y est exprimé publiquement.

Nous allons maintenir et renforcer les perspectives prévues avant la garde à vue : une manifestation dimanche 12 janvier à Blois et une grosse échéance le 1er février avec plusieurs heures de musique pour la Palestine pour récolter des dons. On va continuer à fonctionner comme depuis maintenant plus d’un an.

Voilà bientôt deux ans que la solidarité avec le peuple palestinien s’organise partout quelle serait pour toi maintenant l’étape suivante ?

Il ne faut pas lâcher sur les manifestations, la présence dans la rue, les interventions. Le mauvais épisode de la garde à vue montre que ça peut gêner d’avoir des interventions construites qui décrivent simplement la réalité de ce qui est en train de se passer en Palestine, et qu’il ne faut absolument pas lâcher là-dessus. Si on a été attaqués, c’est que ça gêne et donc il faut continuer, continuer à sensibiliser et à informer. Il y aura toujours nos manifestations dynamiques avec des slogans et la traditionnelle intervention de fin de manifestation. On ne va pas tergiverser là-dessus.

Localement, on a distribué des tracts devant tous les magasins Carrefour et une action de sensibilisation au boycott va être menée devant un nouveau magasin. On a aussi l’habitude de projeter régulièrement des films documentaires sur la Palestine. On aimerait bien animer une projection-discussion à partir du film No Other Land par exemple.

Nous nous inscrivons dans la campagne Stop arming Israel depuis plusieurs mois en distribuant des tracts devant l’usine Thalès. Nous avons aussi une grosse usine d’armement en pleine Sologne, MBDA à Selles-Saint-Denis. Ces actions gênent, devant MBDA on a tenté de nous dissuader de distribuer. Pour la peine on y est allé deux fois ! On va continuer ce genre d’actions en retournant notamment devant Sermat. On va essayer de se lier encore davantage avec les travailleurs et travailleuses de l’armement, avec en perspective une réunion avec Thalès Vendôme, à construire avec la CGT locale, qui est assez au clair sur les revendications de reconversion de l’usine.

Propos recueillis par Gaël Quirante