La contestation s’amplifie dans l’ingénierie du groupe Renault contre le projet d’accord d’entreprise, sur fond de profits patronaux et de menaces sur les emplois.
Il y a un an, après la suppression de milliers de postes, le groupe Renault a été divisé en plusieurs entités séparées, dont les principales sont Ampère pour les véhicules électriques et Horse pour les thermiques. Aujourd’hui, la direction prépare la prochaine étape, avec des reculs pour les salariés et des projets de départs volontaires « ciblés » pour tailler encore plus dans les effectifs.
Ce futur accord triennal baptisé « nouveau contrat social » vise explicitement l’ingénierie, pour l’instant un peu moins ciblée que les usines par les plans de réduction de coûts destinés à augmenter les profits du groupe.
Entre autres reculs, l’accord « négocié » par les directions syndicales prévoit de supprimer trois à quatre jours de congés d’ancienneté pour les cadres pour faire des « économies » estimées à 60 millions d’euros, et ainsi « combattre la concurrence chinoise », selon la rhétorique nationaliste de la direction. Les ouvriers et les techniciens savent bien qu’ils seront les prochaines cibles. L’accord prévoit aussi des règles plus strictes pour le télétravail, soi-disant afin de « reconstruire un collectif du travail ». Une bonne blague, puisque ce sont les mêmes dirigeants qui ont explosé le groupe en une multitude de filiales et poussé des milliers de salariés au départ. Et ils prévoient dans leur accord la possibilité de ruptures conventionnelles collectives par filiales voire par secteur de quelques dizaines ou centaines de salariés – plutôt que d’opérer au niveau du groupe. De quoi renforcer le « collectif du travail », à coup sûr…
Sur le site de Lardy (Essonne), qui a perdu en cinq ans la moitié de ses 2400 salariés et prestataires, ce projet d’accord ne passe pas.
Après un premier débrayage de 75 personnes jeudi 21 novembre sous la neige, une centaine de salariés ont encore débrayé ce mardi 26, à ajouter à la cinquantaine qui débrayait « à distance » pour cause de télétravail. De nombreux salariés au statut cadre ont participé à la grève, souvent pour la première fois. C’est qu’ils sont particulièrement visés par le projet d’accord. À l’unanimité, un nouveau débrayage était voté pour le jeudi 28, dernier jour des négociations entre la direction et les syndicats. En parallèle, 250 salariés étaient également en grève au Technocentre de Guyancourt (Yvelines).
Jeudi 28, rebelote, ce sont encore une centaine de salariés qui ont débrayé à Lardy, et 400 au total avec ceux de Guyancourt et à Toulouse.
Le mouvement continue, de nouveaux collègues se sont joints au débrayage. Et c’est loin d’être fini : ils ont voté la reconduction du mouvement avec une nouvelle action la semaine prochaine, et de se réunir dès le vendredi pour discuter de la suite de la mobilisation, faire le bilan des maigres concessions que la direction aura lâchées dans son dernier round de négociation.
Les salariés montrent que, négocié ou pas, cet accord, ils n’en veulent pas. Face au mécontentement, les RH du groupe ont tenté de rassurer les salariés, à grand renfort de mails, promettant que, finalement, seuls deux jours de congés seraient supprimés. Mais si la mobilisation continue à se renforcer et à s’étendre, il leur faudra bien plus que des mails pour s’en sortir.
Correspondants, 29 novembre 2024