Série Netflix, 2023, quatre épisodes
Le 3 décembre 1984 survenait la plus grande catastrophe industrielle de l’histoire dans la ville de Bhopal, au centre de l’Inde. Une fuite de gaz mortel dans l’usine de pesticides Union Carbide allait provoquer la mort de 15 000 à 30 000 personnes et des blessures et séquelles chez des centaines de milliers d’autres. Aujourd’hui encore, on ne connait pas le nombre exact de victimes et les effets se font toujours sentir. Le terrain de l’usine est resté en l’état sans être assaini car ni l’État indien ni l’entreprise qui a repris Union Carbide ne veulent engager les fonds nécessaires. Les responsables qui avaient pris connaissance d’études montrant le danger représenté par l’isocyanate de méthyle (MIC), dont le mélange avec l’eau produit de l’acide cyanhydrique, un gaz mortel, s’en sont tirés au cours d’un procès qui a eu lieu… vingt ans après la catastrophe.
Cette série en quatre épisodes rend hommage aux cheminots qui ont pris des initiatives, se sont organisés pour sauver le plus grand nombre de vies, face à l’incurie des autorités politiques et administratives. Tout est remarquable dans ce film, qui donne des visages aux victimes comme aux sauveteurs improvisés. Les images sont magnifiques, le moindre des seconds rôles est parfait. On ne peut que ressentir une forte empathie pour ces femmes et ces hommes ordinaires plongés dans cette tragédie terrifiante. The Railway Men dénonce aussi la stupidité du racisme contre les Sikhs victimes de pogroms à cette époque.
Cette série est aussi réaliste qu’éprouvante et angoissante, mais elle est incontournable. D’autant que, malgré une législation plus contraignante pour les usines chimiques, le danger est toujours là, y compris dans les pays bien plus riches que l’Inde.
Gérard Delteil