En déplacement en Arabie saoudite, Qatar et Émirats arabes unis, le président américain n’a pas seulement signé des accords commerciaux (pour un montant estimé de 2 000 milliards de dollars), il s’est également rapproché des principaux États du Golfe et a esquissé son « plan » pour la région – au détriment de Netanyahou, que Trump n’a pas daigné rencontrer.
Trump a entrepris de négocier de nouveaux investissements afin de resserrer les liens entre les pays du Golfe et les États-Unis, notamment dans le secteur de l’Intelligence artificielle et de la Défense – alors que la Chine constitue aujourd’hui le premier partenaire économique de l’Arabie saoudite ou du Qatar. Derrière les « deals » et les cadeaux princiers dont a bénéficié Trump se cache la volonté des États-Unis de réaffirmer leur domination de la région, d’y « remettre l’ordre » pour se concentrer davantage vers l’Asie. Quitte à rappeler à Israël, lorsqu’il contrarie à la marge certains intérêts américains, que les États-Unis disposent d’autres relais pour mener leur politique au Moyen-Orient.
Ainsi, alors que le gouvernement israélien souhaite maintenir une Syrie faible et morcelée, y compris en bombardant ou en envahissant sous prétexte de défendre les populations druzes, Trump, puis l’Union européenne dans son sillage, a levé les sanctions sur la Syrie et rencontré le nouveau président et ancien djihadiste Ahmed al-Charaa. Il s’agit à la fois de préparer le terrain à des investissements juteux, mais aussi de « donner sa chance » au nouveau régime, menacé « à quelques semaines – et pas mois – d’un potentiel effondrement et retour à la guerre civile » d’après le secrétaire d’État américain. Afin de stabiliser l’État syrien, le Qatar et l’Arabie saoudite le maintiennent sous perfusion, à la fois en versant des primes mensuelles de 30 dollars aux fonctionnaires du régime, mais aussi en formant les forces de sécurité d’al-Charaa – pourtant responsables du massacre de milliers d’Alaouites en mars dernier, un avertissement de ce nouveau régime contre toutes les masses populaires de Syrie qui vivent dans la misère.
L’administration américaine se détourne également de l’approche « maximaliste » de l’État israélien qui souhaite bombarder les centres nucléaires iraniens pour forcer le régime à abandonner ses projets d’armement, au profit des négociations ouvertes par la Turquie et les monarchies du Golfe. Mais que Netanyahou se rassure, si Trump refuse de poursuivre ses bombardements sur les Houthis yéménites ou de laisser Israël siéger à la table des négociations du nucléaire iranien, il lui laisse « carte blanche » pour son anéantissement de Gaza…
Stefan Ino