À bientôt trois ans de guerre en Ukraine, déclenchée le 22 février 2022 par l’invasion du pays par l’armée russe, d’un côté les combats continuent à faire rage, de l’autre Trump semble activer les négociations en vue d’un gel du conflit. Les 2 et 3 février, l’armée russe a lancé contre l’Ukraine des attaques parmi les plus importantes de ces dernières semaines, avec des centaines de drones et des dizaines de missiles et de bombes guidées, en particulier contre la ville de Kherson. À Sidja, dans la partie de la région russe de Koursk occupée par l’armée ukrainienne, des bombardements ont détruit un bâtiment scolaire et fait des morts. Kiev et Moscou se renvoient la responsabilité…
La veille, Donald Trump avait affirmé que son administration avait eu des « discussions très sérieuses » et que des « mesures significatives » seraient « imminentes ». Son émissaire pour la guerre en Ukraine, Keith Kellogg, qui a « 100 jours » pour mettre fin au conflit (la promesse initiale était de le faire en 24 heures !), a estimé que « les deux camps vont devoir faire des concessions ». Une manière de faire avaler aux Ukrainiens un accord entérinant une partition du territoire, dont le cinquième resterait sous occupation russe ?
En tout cas, Trump manie la carotte et le bâton pour les deux camps. Alors que l’Ukraine subit de plein fouet le gel des aides américaines pour 90 jours, il a néanmoins menacé la Russie d’augmenter les sanctions contre elle et les livraisons militaires à l’Ukraine, si un accord n’était pas conclu.
Poutine a répondu qu’il était prêt à des pourparlers mais… sans Zelensky, qu’il considère « illégitime ». Une réponse qui explique peut-être pourquoi Washington insiste pour que Zelensky respecte le calendrier électoral et organise de nouvelles élections présidentielles. Dans l’espoir que Zelensky laisse la place, ce qui serait une façon d’accéder au vœu de Poutine ?
Les pays européens de leur côté voient avec inquiétude se profiler d’éventuelles négociations de paix dont ils seraient exclus. Le président du Conseil européen, lui, a déclaré qu’« il ne peut y avoir de discussion sur la sécurité en Europe sans l’Union européenne ».
Entre rapaces impérialistes, existent surtout des enjeux d’influence et de profits éventuels de reconstruction de l’Ukraine. Macron a annoncé organiser une réunion des ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays européens, en compagnie de leur homologue ukrainien, le 12 février.
Autant de marchandages bien éloignés des droits des peuples et du respect des intérêts des classes populaires. Et sur le terrain, les combats risquent de s’éterniser encore, avec leur lot incalculable de souffrances pour la population.
Aurélien Perenna