En six mois, près de 42 000 Koweïtiens ont été déchus de leur nationalité. Depuis l’arrivée sur le trône en décembre 2023 du nouvel émir, Mechaal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, les arrestations d’opposants se multiplient. Il y a quelques mois a été publié un amendement législatif autorisant la déchéance de nationalité pour « turpitude morale ou malhonnêteté », ou pour des actions visant à menacer la sécurité de l’État, y compris des critiques à l’égard de l’émir ou de figures religieuses. Cette mesure prend aussi à l’heure actuelle un caractère sexiste et xénophobe car elle vise des femmes, à savoir des étrangères qui ont épousé des Koweitiens. Ces dernières étaient devenues koweïtiennes par mariage (le pays ne reconnaissant pas la double nationalité) mais se retrouvent maintenant apatrides. Elles n’ont plus accès aux soins hospitaliers gratuits et ne peuvent plus renouveler l’inscription de leurs enfants à l’école publique. Idem pour des membres de tribus nomades considérés comme « hostiles ». Sans compter les 100 000 « bidouns », des malheureux qui n’ont jamais pu prouver leur nationalité et restent dans les limbes juridiques depuis plusieurs générations avec un statut qui n’est ni celui des citoyens, ni celui des étrangers en situation légale. Au nom de ce statut, ils sont privés des droits sociaux, politiques et économiques accordés au reste de la population. À ce rythme, on peut se demander combien des cinq millions de Koweitiens auront toujours leur nationalité d’ici quelques années…