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Réforme des retraites : c’est toujours non !

Le gouvernement se moque du refus unanime de sa réforme des retraites, exclusivement préoccupé de la notation de la France par les agences de notation financière, qui dépend de sa capacité à mater nos luttes sociales !

Sa belle démocratie consiste à ne pas tenir compte de notre avis et à ne nous laisser aucun moyen institutionnel de contester ses décisions. Après le faux suspense de la décision du Conseil constitutionnel le mois dernier, il paraît que l’issue aurait pu être trouvée cette semaine, avec la proposition de loi du groupe Liot. Las ! Dans la Constitution, tout est prévu pour que ces tentatives soient des impasses : après le 49.3, voilà que le gouvernement a déniché un article 40 de la Constitution, qui bloquerait tout retour sur l’âge de départ en retraite, sous des prétextes d’équilibre des dépenses publiques… Quant au référendum d’initiative partagée, avec lequel on nous a amusés un moment, selon les spécialistes du droit constitutionnel, il est prévu pour ne jamais être utilisé. Depuis qu’il a été institué en 2008, aucune tentative n’a jamais abouti.

Un mouvement exceptionnel par son ampleur et sa durée

Aujourd’hui, l’intersyndicale nous a appelés à la 14e journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, la première remontant au 19 janvier dernier. Nous avons été toujours nombreux. Le monde du travail a massivement répondu aux appels de l’intersyndicale, malgré les restrictions des préfets, malgré les charges des flics. Malgré la volonté de ce gouvernement de faire peur aux travailleurs, aux étudiants, aux lycéens. Malgré sa volonté de nous convaincre que manifester et faire grève ne servirait à rien.

Toujours avec la volonté de faire un bras d’honneur au monde du travail, Macron s’est débrouillé pour que les premiers décrets d’application de sa loi paraissent la veille de la journée du 6 juin. « Faites ce que vous voulez, semble-t-il dire, je vous emm… et, avec mes flics et mes juges, je fais passer ce que je veux. »

Il ne fallait rien attendre d’autre de la part du chouchou du Medef. Il ne fallait rien attendre d’autre non plus des institutions qui sont faites sur-mesure pour imposer la volonté de la classe dirigeante, y compris, on le voit, contre la volonté de l’immense majorité de la population.

La stratégie de l’intersyndicale

Tous les leaders syndicaux se félicitent que l’intersyndicale « ait tenu ». Soit. Mais pour quoi faire ? Les dates de toutes les journées de mobilisation ont été calées sur le calendrier institutionnel – débats à l’Assemblée nationale, décision du Conseil constitutionnel. Jusqu’à la journée d’aujourd’hui, à la veille de l’examen d’un projet de loi des députés centristes de la Liot destiné à abroger la loi sur les retraites. Un projet de loi de toute façon vidé de sa substance par les députés macronistes et LR.

On sait d’avance que la présidente macroniste de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, déclarera irrecevable tout amendement tentant de rétablir le projet. Ce qui n’a pas empêché Sophie Binet, la nouvelle dirigeante de la CGT, de trouver le moyen de lui demander « solennellement » de la recevoir avant l’examen du projet.

Pour quoi faire ? Pour lui demander d’être « gentille » et de laisser les députés causer de la loi ? Quémander qu’une assemblée hostile au monde du travail discute d’une loi de toute façon massivement rejetée par le pays ? Et si Braun-Pivet refuse, comme c’est probable, que fait-on ? Pire, si le projet est examiné par les députés… et rejeté par une majorité de députés réacs et anti-ouvriers, nous serions fichus ?

Les raisons de la colère

Depuis le 19 janvier, notre mouvement a été massif et déterminé. Il y a eu de nombreux secteurs en grève, à l’appel de militants syndicaux locaux et de syndicats de branche. Mais pas d’appel national à faire grève tous ensemble, à bloquer la production dans tout le pays jusqu’au retrait. Dans les usines – dans l’automobile, la métallurgie, la chimie, l’agro-alimentaire, etc. – la production n’a pas été paralysée. Nombreux étaient ceux qui débrayaient pour manifester, mais la production s’est maintenue et la machine à fric a continué à tourner pour le patronat.

Est-ce fini pour autant ? Pas si sûr ! Non seulement Macron et sa clique ne peuvent plus se déplacer sans que la ville où ils vont soit mise en état de siège… contre des casseroles, mais les grèves se multiplient à travers le pays. Depuis plusieurs semaines, à Disneyland Paris, à l’initiative d’un mouvement anti-inflation, des mobilisations sont organisées pour revendiquer une augmentation de salaire de 200 euros net pour tous, pour faire face à la hausse des prix. Les grévistes ont voté la poursuite de leur mouvement tous les mardis. Dans l’entreprise de vente à distance de produits pour les jeunes enfants Verbaudet, après deux mois et demi d’un conflit très dur, les grévistes s’apprêtent à reprendre le travail la tête haute, après avoir arraché une hausse des salaires de 90 euros net mensuels.

Le ras-le-bol, la colère sont toujours là. Parce que, si les bénéfices des entreprises françaises sont au plus haut, cela s’est fait sur notre dos : salaires minables, effectifs partout insuffisants. Partout les patrons demandent toujours plus aux travailleurs, sans aucune compensation.

Nous ne sommes pas attaqués seulement sur les retraites. L’inflation ronge notre niveau de vie, l’argent manque dans les hôpitaux, les transports, l’éducation, mais c’est à ceux qui touchent des allocations que le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, ose s’en prendre. Alors que son gouvernement ne fait rien pour récupérer les centaines de milliards que ses amis riches soustraient à l’impôt en les envoyant dans les paradis fiscaux.

Nous ne pouvons plus nous contenter de faire confiance à l’intersyndicale qui se garde de coordonner les grèves qui éclatent en ce moment. Avec les militants syndicaux, nombreux à douter de la stratégie de leur direction, il faudra nous organiser nous-mêmes, à partir de la base, dans des assemblées discutant de chaque étape et décidant démocratiquement de ce que doit être la suivante. Des assemblées qui se coordonneront à tous les échelons, jusqu’au niveau national, pour représenter un véritable contre-pouvoir face à ce pouvoir des patrons. Il nous faut reprendre la main sur nos propres luttes !

Nous ne sommes pas impuissants face aux puissants ! C’est nous qui faisons tout. Nous avons tous les moyens de gagner. Et, si nous nous organisons nous-mêmes, nous gagnerons.

(Texte d’un tract du NPA pour les manifestations du 6 juin 2023)

 


 

[Télécharger le tract en DOC]