Nos vies valent plus que leurs profits

AED tuée à Nogent (Haute-Marne) : les établissements scolaires ont besoin de personnel, pas de flics !

Une assistante d’éducation de 31 ans a été tuée à coups de couteau par un collégien à l’entrée du collège Françoise-Dolto, à Nogent, en Haute-Marne. Une violence dont on peine à croire qu’elle émane de gosses. Nous partageons évidemment la peine de ses proches, de ses collègues.

Le drame s’est produit durant un contrôle des sacs conjoint avec la gendarmerie. Une opération dans le cadre de la circulaire Retailleau-Borne de mars dernier prévoyant des contrôles aléatoires des sacs dans les établissements scolaires. C’était la réponse de flic de Retailleau à la rixe ayant provoqué la mort d’un jeune de 17 ans à la porte d’un lycée de l’Essonne.

Le ministère de l’Éducation a éprouvé le besoin de préciser que 6 000 contrôles avaient eu lieu entre le 26 mars et le 26 mai. 186 couteaux ont été saisis et 32 jeunes placés en garde à vue. 186 « trouvailles » sur des milliers de contrôles. Au nom desquels on déploie la gendarmerie à la porte des collèges.

Un oubli, tout de même, dans leur bilan : une morte, aujourd’hui même, dans le cadre justement de ces contrôles prétendument « dissuasifs » qui n’ont visiblement pas dissuadé. Une morte, et combien de vies gâchées ? D’abord celle de la jeune surveillante tuée, bien sûr, et celle de ses proches. Mais aussi celle de son jeune meurtrier dont les Retailleau oublient que c’est un mineur de 14 ans, sans avenir désormais. Que faut-il pour que ces crétins cessent de croire que les problèmes se règlent à coup de menton, pour qu’ils cessent d’imposer à tout le monde leurs prétendues solutions ? Faire collaborer les assistants d’éducation et les flics à la porte des établissements scolaires… oui, il faut être crétin pour ne pas comprendre que c’est catastrophique. Les mêmes nous répètent à l’envi que l’école doit être un sanctuaire. Eh bien, justement, les flics n’y ont pas leur place.

Les adultes sont encore un peu respectés dans les établissements scolaires justement parce qu’ils ne sont pas assimilés aux flics ! Si l’on ne veut pas que l’ambiance soit faite de violence, de suspicion, de flicage, de répression, il faut qu’il n’y ait pas suspicion, flicage, répression. Et, pour qu’il n’y ait pas violence, il ne faut surtout pas de flics ! Quelque chose que ne peuvent comprendre les Darmanin, les Retailleau qui, dans le déroulement de leur plan de carrière, ne pensent pas : ils suivent ce qu’ils croient être le vent dominant.

L’école n’est pas un sanctuaire illusoire où les problèmes de la société disparaîtraient par magie. Alors, ce qui est nécessaire, c’est qu’il y ait suffisamment d’adultes dans les collèges, dans les lycées, d’adultes manifestant de l’empathie pour les adolescents, pour comprendre leurs problèmes. Un rôle que jouent justement bien des assistants d’éducation – dont il faut des embauches en nombre dans des conditions dignes et pérennes, comme de profs, de psys, d’infirmières, d’agents techniques et administratifs, etc. Mais il ne faut surtout pas que les flics s’en mêlent. Ils font assez de dégâts comme ça.

Jean-Jacques Franquier