Nos vies valent plus que leurs profits

Après la réussite du 12 juin, continuer à donner de l’écho à la bataille pour la relaxe : préparer la mobilisation du 10 juillet pour le rendu de jugement

Plus de 600 personnes étaient présentes lors du rassemblement des « cinq » de La Poste du 92 (Hauts-de-Seine). Parmi les participants, près de 200 postières et postiers, dont un peu plus d’une centaine de la région parisienne. Un large panel syndical et politique était présent. Le rassemblement a duré toute la journée, l’audience s’est terminée à 23 h 15.

Un déroulement de l’audience marqué par la mobilisation

La durée de l’audience s’explique par la volonté du juge, qui se savait observé, de donner la possibilité à toutes les parties de s’exprimer. Le procureur a requis entre 140 et 70 heures de TIG (travaux d’intérêt général) pour les cinq camarades, qui, s’ils n’étaient pas effectués aboutiraient à une peine de prison. L’objectif d’une telle peine : donner l’impression d’une condamnation « légère » pour réduire la mobilisation.

Les conséquences d’une éventuelle condamnation

Toute condamnation, même relativement « faible », serait funeste. Elle serait instrumentalisée pour faire obstacle au militantisme des camarades. Quel meilleur prétexte pour empêcher l’intervention dans les bureaux de poste que de dire qu’on a affaire à des délinquants ? Et elle constituerait une prise pour de nouvelles poursuites judiciaires, un encouragement à la spirale patronale répressive en somme, y compris au-delà des « cinq » du 92. Voilà pourquoi la mobilisation pour la relaxe doit se poursuivre.

Une procédure discriminatoire

La direction de La Poste disposait lors de la grève de 2014 d’un trombinoscope de plusieurs dizaines de grévistes. Il a été cité et montré à l’audience. Pourquoi donc seules cinq personnes, toutes mandatées syndicales à l’époque des faits, sont-elles poursuivies ? Une discrimination flagrante, et donc une raison en soi pour la relaxe !

Des accusations de « violences » tardives et sans fondements

Le 13 février 2014, après plusieurs semaines de grève pour réclamer l’embauche en CDI de collègues précaires, les grévistes et les camarades se rendent au siège social pour demander des négociations. La direction tente d’interdire l’accès dudit siège, pourtant ouvert à tous les postiers, en plaçant des vigiles qui provoquent une bousculade. La responsable de la sûreté du siège de La Poste qui accuse les camarades de violences met dix jours à porter plainte après les faits du 13 février 2014 : cette première plainte ne mentionne aucune violence, tout comme omet de faire acte de violence le constat d’huissier dressé au moment des faits.

Il faudra attendre une deuxième plainte le 27 février – soit 14 jours après les faits – déposée au moment même où Gaël Quirante passe en entretien préalable au licenciement pour que l’accusation de violence sorte du chapeau.

Aucun document n’attestant d’un accident du travail le 13 février n’est dans le dossier. La responsable ne produit un arrêt maladie qu’à partir du 8 mars 2014, plus de trois semaines après les faits.

La vidéosurveillance montre l’absence de fondement des accusations

Les images de vidéosurveillance du 13 février 2014 ont été diffusées lors de l’audience. Elles montrent de manière flagrante l’absence de toute violence des camardes à l’encontre de la responsable de la sûreté. La responsable de la sûreté du siège a elle-même déclaré en pleine audience que les accusations de l’avoir « traînée au sol » n’étaient pas vraies : « je n’ai jamais dit ça » a-t-elle déclaré. L’acte d’accusation et la procédure avec une instruction de 11 ans ont donc été bâtis… sur des faits inexistants ! Toute la procédure devrait donc être abandonnée.

Violation de domicile : c’est toujours non !

Nous devons continuer à marteler que toute condamnation pour « violation de domicile » pour une simple venue au siège de sa propre entreprise pendant une grève équivaudrait à une grave remise en cause du droit de grève. Quant aux accusations de « dégradations », elles étaient tellement fantaisistes que même le procureur a demandé la relaxe sur ce grief…

Révélations en série sur les méthodes crapuleuses de la direction de La Poste

Dans les jours précédant ou suivant le procès, plusieurs révélations ont été faites concernant les méthodes particulièrement problématiques de la direction de La Poste. Le classement discriminatoire des postiers lors des réorganisations, avec les « alignés » qui « obéissent » mais aussi les « irréconciliants » et « opposants » qui « se rallieront au projet sous la contrainte ». Difficile de ne pas penser au traitement infligé aux cinq du 92… Le média Blast a aussi souligné que le journaliste d’Envoyé spécial qui avait fait le reportage sur La Poste à la rentrée 2019 avait été contacté par La Poste pour tenter de faire passer Gaël pour un djihadiste, pour éviter toute médiatisation du combat des camarades. Ce qui montre jusqu’où est prête à aller la direction !

La matière première des profits

Et cerise sur le gâteau, La Poste est la première entreprise à s’être fait condamner pour manquement au « devoir de vigilance » : elle a sciemment recouru de manière systématique à la sous-traitance du tri et de la distribution des colis express (DPD, Chronopost), un secteur particulièrement lucratif… mais aussi caractérisé par les abus infligés aux travailleurs sans-papiers. Geopost, la holding qui englobe DPD, Chronopost et d’autres filiales génère 16 milliards de chiffre d’affaires sur les 34 qu’a fait le groupe en 2024.

En un mot : Philippe Wahl, PDG sortant du groupe, a mené pendant qu’il était à la tête de La Poste une politique particulièrement violente et destructrice vis-à-vis des intérêts des postiers et de la population par la dégradation très marquée de la qualité du service.

Le délibéré (décision du tribunal) a été fixé au 10 juillet à 13 h 30.

Des rassemblements seront organisés à cette occasion, notamment à Paris.

Rassemblement le 10 juillet 2025 à 12 heures, tribunal de Paris, porte de Clichy

 

 

[Au format PDF, l’appel pour le rassemblement du 10 juillet]

 

[Explications en vidéo : la relaxe est la seule option !]

 


 

 

Organisations et collectifs présents

Union syndicale Solidaires, Fédération SUD-CT, Fédération SUD-PTT, Solidaires Informatique, SUD-Rail Paris Saint-Lazare, SUD-Rail Gare du Nord, SUD Stellantis Poissy, SUD AP-HP, SUD Industrie Francilien

Fédération CGT Commerce, CGT SSCAT, CGT Safran Nacelles, CGT CRAMIF, CGT EDUC 95, CGT Systra, UD CGT Moselle, CGT Territoriaux Moselle, CGT Geodis Calberson, Collectif CGT Monoprix IDF, CGT TUI France, CGT Metro, Info Com CGT, CGT HPE, UL CGT Guingamp, UL CGT Gennevilliers-VLG, UL CGT Sotteville Oissel, UL CGT Elbeuf, CGT TCL Mode Lourd, CGT Keolis Porte des Alpes, CGT FAPT Postaux Paris

Solidaires 92, Solidaires 94, Solidaires 76, SUD Éducation 76-27, Solidaires informatique 76, SUD Santé Sociaux 76

SNUIPP 92, FSU 92, FSU 33

UNEF, UNEF Nanterre, UNEF Grenoble, UNEF Lille, UNEF Lorraine, UNEF Le Mans

EuroPalestine

Fanfare Invisible

LFI, PCF, NPA-A, LO, RP, NPA-R, PT, PEPS, Les Verts, LTF