Le milliardaire américain a pris goût à la politique. Alors que les capitalistes ont pour habitude de laisser aux politiciens les feux de la rampe pour mieux contrôler la scène depuis les coulisses, Musk multiplie les interventions, y compris contre son propre camp.
Il n’a pas hésité pas à menacer des élus républicains de les faire battre aux prochaines élections, parce qu’ils avaient préféré négocier le budget avec les démocrates plutôt que provoquer un « shutdown », c’est-à-dire l’arrêt des activités de l’État fédéral (hormis les flics et l’armée, les riches en ont trop besoin pour se protéger des pauvres). Dernièrement, il s’est vertement opposé à l’extrême droite trumpiste sur l’immigration : son industrie a besoin de recruter dans le monde entier les ingénieurs qui développent programmes informatiques et projets industriels. Il a arraché à Trump la promesse que cette catégorie de travailleurs continuerait à bénéficier de visas. Mais celle-là seulement, car Musk déteste tout autant les migrants que les autres trumpistes.
Les États-Unis ne lui suffisent plus. En Allemagne, il mène campagne pour le parti raciste AfD. Une cadre du journal Die Welt a démissionné après que Musk ait réussi à y publier une tribune en ce sens. Au Royaume-Uni, Musk roule pour son équivalent, Reform UK. Il reproche au gouvernement travailliste de réprimer les auteurs d’émeutes racistes et réclame la liberté pour le nazillon Tommy Robinson. Une « guerre civile », pas selon le clivage de classe, bourgeois contre prolétaires, mais selon la couleur de peau des habitants, serait selon lui « inévitable » : il faut en fait comprendre qu’il l’espère.
Mais à trop s’agiter, Musk attire l’attention sur sa classe d’ultra-riches. Car ce n’est pas d’hier que ses semblables utilisent leur argent et leurs entreprises pour influencer, voire façonner la société. Avec son arrogance de mégalomane, Musk l’étale ouvertement. Aux travailleurs de méditer la leçon… et de trouver les moyens d’y mettre fin.
7 janvier 2025, Mathieu Parant