Nos vies valent plus que leurs profits

Après une lutte acharnée, le projet d’autoroute A69 est jugé illégal !

Le 27 février, après deux ans de bataille judiciaire, le verdict du tribunal administratif est tombé : les travaux de l’autoroute A69 reliant Toulouse et Castres prennent fin. Selon les lois en vigueur pour l’environnement, ce projet n’aurait pas dû être autorisé, puisqu’il détruit un écosystème comprenant des espèces protégées : mais cette loi peut être contournée pour des raisons impératives d’intérêt public majeur, ce que la défense n’a pas pu prouver. Et pour cause ! Payer l’aller-retour 17 euros alors qu’il existe déjà une route nationale sur le même tracé, c’est uniquement dans l’intérêt des actionnaires de Vinci !

Le « désenclavement » et la « sécurité » des usagers étaient seulement utilisés comme prétexte pour ce projet absurde. Cependant, l’État n’a pas dit son dernier mot : il va faire appel sous prétexte que le projet présentait un intérêt majeur, avec le soutien de la ministre de l’Écologie, Agnès Pannier-Runacher, pour qui « l’écologie, ça ne doit pas être des interdictions tous azimuts ».

Alors que la dénonciation par des militants a commencé il y a plus de quinze ans, ce verdict est tombé deux ans après le début des travaux. Les habitants vivant sur le tracé ont déjà été expropriés, de nombreux arbres abattus, des terres abîmées. Sans la mobilisation qui s’est acharnée à les entraver, les dégâts auraient été irrémédiables. La lutte n’est pas terminée : les dizaines de militants poursuivis ou condamnés doivent être amnistiés. Mais rien ne réparera les séquelles physiques et psychologiques causées par une répression qui, en plus d’être injustifiée, a été extrêmement violente : vertèbres cassées, humiliations, emprisonnements, grenades de désencerclement…

Le verdict est tombé le même jour que celui qui condamne l’État pour la mort du militant écologiste Rémi Fraisse, dix ans plus tôt, à cause de ces mêmes grenades. Il a perdu la vie dans la lutte contre le barrage de Sivens, qui a lui aussi été jugé illégal après le début des travaux. Ces drames nous rappellent que l’État est prêt à toutes les violences pour défendre des projets destructeurs qui ne bénéficient qu’à leurs actionnaires, contre tout bon sens au vu de l’urgence climatique.

Correspondant