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Démagogie raciste contre les Algériens : coup double pour le gouvernement français

Pas une seconde n’aura été laissée aux proches de la victime de l’attentat de Mulhouse. La volée de charognards qui sert de gouvernement a immédiatement pris prétexte de la nationalité algérienne de l’assassin et du fait qu’il était sous OQTF (obligation de quitter le territoire français) pour lancer une intense campagne raciste.

La traque à l’ennemi de l’intérieur

Capo Retailleau parle d’engager un « rapport de force » avec l’Algérie sur la question de l’immigration, et notamment sur les fameux accords de 1968 qui créeraient un régime particulièrement favorable aux Algériens présents en France. Bayrou, plus ferme avec les immigrés qu’avec les curés de Bétharram, y est allé de son ultimatum : que l’Algérie récupère une centaine de ressortissants « dangereux », sinon… Le tout, avec la bénédiction du consortium Le Pen-Bolloré, qui n’a même plus besoin d’être créatif dans son racisme tant le gouvernement l’est à sa place. Macron, pour se rappeler à tout ce petit monde, a fait mine de se démarquer de ses ministres. Plutôt osé de la part de celui qui reprochait il y a quelques semaines aux chefs d’État africains de ne pas avoir assez dit « merci », reprenant la vieille musique chérie de la droite et de l’extrême droite sur les soi-disant bienfaits de la colonisation.

Macron a surtout confirmé vouloir « renégocier » les accords de 1968, alimentant la psychose en cours sur l’existence de terroristes étrangers qui se baladeraient sur le sol national les armes à la main. Mais il ne reste plus grand-chose du contenu initial de ces accords qui certes à leur origine concédaient aux Algériens présents en France des droits un petit peu supérieurs à ceux des autres étrangers. Au fil des campagnes racistes dans le goût de celle qu’on vit actuellement, les accords ont été vidés de leur substance, notamment par deux avenants de 1985 et 2001, négociés par des gouvernements de gauche.

Une négociation à la Trump

Pour le gouvernement, il ne s’agit pas seulement de susciter la méfiance et la division dans la population. Il faut aussi mettre la pression sur l’Algérie pour que le capitalisme français n’y perde pas complètement pied. C’est Retailleau qui en parle le mieux : « Les entreprises sont blacklistées sur la commande publique algérienne » disait-il à BFM. Une histoire de gros sous donc ! L’usine Renault d’Oran n’a toujours pas redémarré depuis 2020 tandis que les investisseurs chinois et américains trouvent la porte grande ouverte. Les importations de blé depuis la France sont réduites à la portion congrue au profit des céréales ukrainiennes ou russes.

Le battage anti-Algériens ici donne à Tebboune, le président du pays, l’occasion de faire passer ses nouveaux partenaires économiques pour des coups portés à l’ancienne puissance coloniale. Au racisme répandu depuis Paris répond la démagogie anti-Français d’Alger, dérivatif à la colère sociale que les pouvoirs successifs utilisent largement.

Il nous revient de tenir en échec la nouvelle offensive raciste du gouvernement français. Non, les immigrés d’Algérie ou d’ailleurs ne sont pas des ennemis de l’intérieur. Malgré les divisions imposées d’en haut, il n’y a qu’une seule population travailleuse, qui partage le même quotidien, les mêmes problèmes et les mêmes combats. Faisons entendre nos intérêts communs contre le racisme et pour la régularisation de tous les sans-papiers le 22 mars, à l’occasion des manifestations appelées par la Marche des Solidarités !

Bastien Thomas