

Ashraf Omar et Shady Mohamed, respectivement dessinateur de presse et syndicaliste dans l’industrie textile sont tous les deux en prison depuis plusieurs mois, à l’image de milliers de prisonniers politiques sous le régime d’al-Sissi.
Ashraf Omar a été passé à tabac et enlevé à son domicile le 22 juillet 2024, avant d’être accusé de « propager de fausses informations, d’abuser des réseaux sociaux et d’avoir rejoint un groupe illégal ». Depuis, son procès est sans cesse repoussé : sa détention est prolongée administrativement sans qu’il puisse se défendre1.
Shady Mohamed, quant à lui, a été arrêté le 29 avril 2024 avec cinq autres de ses camarades, après avoir déployé une banderole en soutien au peuple palestinien. Il est accusé « d’avoir rejoint un groupe terroriste, diffusé de fausses informations et d’avoir participé à un rassemblement interdit » ainsi que « d’avoir monté un groupe terroriste et dirigé des éléments subversifs ». Ce n’est pas la première fois que Mohamed subit la répression étatique : en 2019, il est licencié de l’entreprise textile Linen, où il dirigeait un syndicat indépendant, avant d’être arrêté en octobre 2022 – et relâché trois semaines plus tard.
À l’occasion de leur incarcération, les deux militants subissent de nombreuses violences : le jour de son arrestation, Ashraf Omar a disparu pendant plus de 60 heures, pendant lesquelles il a été torturé dans un endroit inconnu, tandis que Shady Mohamed a engagé une grève de la faim de plusieurs semaines après son transfert dans un autre établissement sans avoir le droit de garder ses affaires (dont vêtements et lunettes de vue !). Leur sort constitue malheureusement la norme dans les prisons de Sissi2.
La politique répressive du régime ne cache pas sa fragilité, tant sur le terrain politique qu’économique. Depuis plusieurs années, l’Égypte subit une grave crise économique. La livre égyptienne ne finit pas de s’effondrer, l’inflation dévore les revenus des classes populaires et l’État – dévoré de l’intérieur par l’armée – ne garde la tête hors de l’eau que grâce au soutien financier des monarchies du Golfe… et des États impérialistes (dont la France). Le régime Sissi est incapable de tolérer toute forme de liberté d’expression. Ainsi, en octobre 2024, alors qu’Israël commençait à bombarder Gaza, Sissi a cru possible d’appeler les masses populaires dans la rue – non pas en soutien aux Palestiniens, mais à sa volonté de les garder loin de l’Égypte, pour des raisons de « sécurité ». La jeunesse étudiante est effectivement sortie dans la rue pendant deux semaines… mais pour scander son soutien à la Palestine et sa colère face au gouvernement, remettant au goût du jour les slogans chantés en 2011, avant d’être brutalement réprimée.
Sissi s’emploie à réprimer dans l’œuf toute contestation organisée à sa politique, mais certains secteurs arrivent à exprimer leur opposition au régime – comme ces militants des syndicats indépendants de médecins, avocats, journalistes… ceux-là même que la police enlève et torture.
Nous exprimons toute notre solidarité avec les prisonniers politiques d’Égypte et la campagne internationale pour leur libération.
Stefan Ino
Vous pouvez retrouver le lien d’une pétition pour la libération de Ashraf Omar ci-dessous : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSffJwOygOjzqGkLPuzXvDU_65gxvwRku7ZqVStjDfE8y-FF1w/viewform
1 https://manassa.news/en/news/24152
2 https://www.cfjustice.org/egypt-un-committee-against-torture-states-that-egyptian-authorities-have-not-met-their-obligations-under-the-international-convention-against-torture/