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Mayotte : absence de moyens et guerre aux plus pauvres

Alors que Mayotte a été frappée par un deuxième cyclone le week-end des 11 et 12 janvier, les conditions de vie y sont toujours aussi dramatiques : les habitants en sont réduits à se reconstruire des abris de fortune, les distributions d’eau et de nourriture sont insuffisantes et aléatoires.

Le gouvernement annonce que la rentrée scolaire aura lieu fin janvier. Mais, si elle a lieu, elle se fera dans des conditions bien difficiles. Des écoles ont été inondées par le passage du dernier cyclone, d’autres servent encore de lieux d’hébergement et le plus grand nombre reste gravement endommagé. Il est prévu de faire cours sous des tentes, en pleine chaleur, ce qui dans n’importe quel département hexagonal serait considéré comme inacceptable ! Certains élèves auront cours le matin, d’autres l’après-midi, une rotation déjà pratiquée avant la catastrophe, en raison de l’insuffisance du bâti scolaire. Comme le dénoncent les enseignants sur place, l’école en « mode dégradé », c’est le quotidien des enfants de Mayotte…

Le projet de loi d’urgence a été adopté le 15 janvier par l’Assemblée nationale, prétendant permettre sa reconstruction rapide. Mais il s’agit juste d’un effet d’annonce, le gouvernement n’en mettant pas les moyens. Les députées mahoraises présentes, qu’il s’agisse de celle du LIOT ou de celle du RN, ont une fois de plus dénoncé l’immigration comme principal problème, propos que Valls, le ministre des Outre-mer, s’est empressé d’appuyer, en annonçant qu’une proposition de loi visant à restreindre encore le droit du sol à Mayotte serait examinée le 6 février. Tous cherchent à détourner la colère de la population mahoraise vers les habitants des bidonvilles.

Sur place, les autorités profitent de la situation pour amplifier leurs attaques à l’égard des plus démunis. Seule l’incurie de l’État français, qui délaisse ce territoire, annexé en 101e département, le plus pauvre de France, est responsable de la situation. Le gouvernement vient de nommer le général Facon, ancien commandant de l’opération Barkhane au Mali, responsable de l’établissement public chargé de reconstruire Mayotte : voilà qui montre bien qu’il considère Mayotte comme une zone de guerre… aux plus pauvres.

Lydie Grimal