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Mobilisation à Dunkerque : justice pour Djamel, assassiné par un néo-nazi !

Le 17 janvier au soir, plus de 150 personnes étaient rassemblées devant le tribunal de Dunkerque pour demander la reconnaissance du mobile raciste du meurtre de Djamel Bendjaballah, éducateur spécialisé. Le 31 août, à Cappelle-la-Grande près de Dunkerque, Djamel a été violemment assassiné par Jérôme Décofour, membre du groupuscule armé d’extrême droite, Brigade française patriote. Le tueur a délibérément roulé plusieurs fois sur sa victime, alors que les enfants de Djamel ont assisté à toute la scène, et il transportait dans sa voiture une machette et une arme à feu, laissant penser que l’acte était prémédité.

Le mobile raciste du crime n’est pas difficile à prouver : les liens de Jérôme Décofour avec la Brigade française patriote sont connus. Il s’affiche notamment en train de s’entraîner dans les bois à la « guerre civile » avec d’autres membres du groupuscule, le tout en arborant des symboles néo-nazis. Il a harcelé Djamel B. d’injures et d’actes racistes pendant plus de trois ans. Avant sa mort, ce dernier avait d’ailleurs porté plainte trois fois. Trois plaintes classées sans suite, mais qui montrent le caractère raciste du harcèlement subi par Djamel ces dernières années.

Malgré tous ces éléments, la procureure refuse de reconnaître le mobile raciste du crime et préfère parler de « crime passionnel ». Face à cette décision, un comité en soutien à Djamel s’est formé. Il est constitué de membres de sa famille mais aussi d’associations comme la Maison des potes, la LDH, ou le Mrap.

Pour étendre la mobilisation, un premier rassemblement a été organisé le 17 janvier devant le tribunal, où nombreux et nombreuses étaient les habitants de Grande-Synthe, ville où Djamel a grandi. À travers des prises de parole, des membres du comité « Justice pour Djamel » ont à la fois dénoncé la complicité de la justice, la montée des idées d’extrême droite et le manque total de médiatisation de l’affaire. « La justice met le racisme sous le tapis », a notamment déclaré un intervenant au nom du comité. D’autres travailleurs et militants syndicaux en ont également profité pour intervenir et dénoncer le racisme qu’ils subissent au quotidien sur leur lieu de travail.

Cette affaire est symptomatique d’une ambiance où les idées d’extrême droite, encouragées par les gouvernements successifs ces dernières années, montent en flèche dans la population. Au point qu’un militant néo-nazi se soit senti le droit de passer à l’acte et de tuer, sans que la justice reconnaisse ce crime pour ce qu’il est : un crime raciste.

Cette mobilisation est un exemple à suivre et rappelle qu’il est toujours plus urgent que les travailleurs et travailleuses expriment leur solidarité de classe et fassent reculer le poison de l’extrême droite.

Thibaut Bergeron