Nos vies valent plus que leurs profits

Prison « quatre étoiles » pour Sarkozy

Prison de la Santé. LPLT / Wikimedia Commons

Droite et extrême droite dénoncent à l’envi les prisons « quatre étoiles » dans lesquelles se prélasseraient les prisonniers aux frais de la société. Cette posture démagogique n’a rien à voir avec la réalité sordide de prisons surchargées, aux conditions d’hygiène déplorables.

Pourtant aucune voix du camp réactionnaire ne s’élève contre les conditions ultra-privilégiées dont bénéficie Sarkozy à la Santé : cellule individuelle, téléphone fixe, parloir trois fois par semaine, sans oublier… deux officiers de police qui occupent la cellule voisine pour, paraît-il, assurer sa sécurité. Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a beau affirmer, sans rire, que Sarkozy est « évidemment un citoyen comme les autres », on ne connaît pas beaucoup de condamnés qui, avant d’être incarcérés, ont été reçus par le président de la République et ont eu droit à la promesses de visites du ministre de la Justice et à des messages de soutien de tous les ténors de la majorité.

Il y avait pourtant eu une étonnante succession de hasards pour que le silence se fasse sur le financement libyen de sa campagne électorale : Choukri Ghanem, ministre du pétrole de Khadafi, s’est bêtement noyé à Vienne en 2012 ; Ziad Takkiedine s’est caché au Liban jusqu’à sa mort après avoir déclaré, puis s’être rétracté, avoir transporté des valises de billets ; le principal témoin, Kadhafi lui-même, a été opportunément exécuté en 2011 au cours d’une guerre déclenchée à l’instigation, entre autres, de… Sarkozy. Las, ça n’a pas suffi…

Alors on a assisté à ce spectacle digne du théâtre de Guignol : Sarkozy quittant son domicile du 16e arrondissement pour la prison, dispensant généreusement saluts et poignées de main. Le malfaiteur a emporté une « biographie » de Jésus et les deux tomes du Comte de Monte-Cristo. Au moins, il n’a pas peur du ridicule ! Mais il ne sera sans doute pas obligé de s’évader comme Edmond Dantès du château d’If, sa demande de mise en liberté ayant de bonnes chances d’aboutir.

Michel Grandry