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Transdev TRA en grève : les conducteurs ne se laisseront pas faire !

Face aux salaires rognés par l’inflation, à la dégradation des conditions de travail et au mépris patronal, les travailleurs de Transdev TRA des dépôts de bus de Coubron (93) et Chelles (77) ont décidé de se mettre en grève à partir de lundi 20 novembre.

« Le jour J, c’est aujourd’hui »

Ce jour-là, les grévistes ne sont pas au volant, à enchaîner les heures au rythme effréné imposé par la direction. Des dizaines d’entre eux se sont passé le mot pour tenir un piquet de grève devant le dépôt de Coubron. Après des mois à subir l’augmentation du coût de la vie, sans augmentation de salaire en conséquence, la situation n’est plus tenable. Mais les salaires insuffisants sont loin de constituer le seul motif de colère. Les conditions de travail se dégradent année après année, si bien que conduire devient dangereux pour la santé des conducteurs… mais aussi des usagers. Des vieux bus qui roulent avec des voyants oranges allumés sur le tableau de bord faute d’entretien, pas de toilettes aux terminus, des dizaines de dos d’âne à prendre tous les jours avec des amortisseurs inefficaces (un gréviste en compte 23 sur un seul trajet, à multiplier par le nombre d’allers-retours par jour), voilà un aperçu du quotidien de celles et ceux qui font rouler les bus de cette zone de la grande couronne parisienne. Les cadences infernales, le mépris de la direction, les salaires trop bas, le mal de dos, aux genoux, aux articulations, sont d’ailleurs le lot de bien des ouvriers bien au-delà du secteur du transport.

La rentabilité à tout prix

Comme toutes les entreprises, Transdev TRA cherche à accroître sa rentabilité par tous les moyens. Augmenter les salaires ? Alléger et réduire l’amplitude horaire des services ? Rénover et entretenir les bus ? Pas question, pour les responsables RH du groupe. Habitués à imposer des économies de bouts de chandelle aux travailleurs, ces oiseaux de mauvaise augure n’ont que le mot rentabilité à la bouche. Transdev n’aurait pas d’argent ? Une multinationale présente dans 19 pays, qui s’enrichit sur le travail de ses dizaines de milliers de salariés, n’aurait pas d’argent ? Quelle blague ! Les grévistes revendiquent, entre autres, 200 euros d’augmentation et des primes, un minimum rien que pour suivre l’inflation. Il est à parier que la direction saura trouver l’argent… sous la pression de la mobilisation !

Une grève qui peut changer la donne

Les conducteurs mobilisés le disent tous : la direction ne va pas plier en un ou deux jours, alors la grève est reconduite tant qu’il le faudra. Le bras de fer est lancé et l’issue est incertaine, mais les grévistes ont pour eux la cohésion et la solidarité. Sur le piquet de grève, l’ambiance est conviviale, tout le monde prend le temps de discuter en petits groupes autour d’un café, chacun y va de ses anecdotes sur la boîte et ses galères, sur ce qu’il faudrait changer et comment obtenir gain de cause. Les grévistes ont aussi pour eux certainement de la sympathie parmi les travailleurs des dépôts alentour : Villepinte, gros dépôt du secteur dans lequel une alarme sociale a été déposée la semaine dernière et dont les travailleurs ont de multiples liens avec ceux de Coubron et Chelles, le dépôt de la STBC à Chelles également ou ceux près de Marne-la-Vallée, très mobilisés en 2021, ou encore parmi la myriade de dépôts de bus éparpillés sur le territoire. Ensemble, ils pourraient peser dans le rapport de force contre Transdev, mais également contre les autres entreprises de transport comme Keolis et la RATP, qui se font concurrence sur le dos des travailleurs.

Correspondant