Nos vies valent plus que leurs profits

Un budget d’austérité pour les classes populaires et de cadeaux pour le patronat

Photothèque Rouge / Copyright : Martin Noda / Hans Lucas.

Parlant de l’aide médicale d’État – l’AME, qui permet de garantir un minimum de soins aux migrants sans papiers –, Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, a déclaré : « On y touchera. » Il ne faudrait pas que ce refrain de l’extrême droite soit l’exclusivité du RN ! « On y touchera » donc, au risque de laisser des êtres humains sans soins, de laisser des maladies contagieuses se propager. Toute cette saloperie démagogique pour un budget total d’1,2 milliard d’euros. À comparer au total des aides publiques aux entreprises, c’est-à-dire à leurs actionnaires, estimé entre 140 et 230 milliards d’euros !

Voilà qui donne le ton de ce que sera la politique « sociale » du gouvernement Bayrou ! On est loin des « avancées » qu’a voulu voir le PS dans le gel des suppressions de postes prévues dans l’Éducation nationale et dont la réalité s’annonce d’ailleurs problématique.

Rien que la loi spéciale votée en décembre dernier pour permettre à l’État de fonctionner en attendant le vote du budget aura permis, en deux mois, 2,5 milliards d’euros d’économies. En effet, les dépenses des ministères sont plafonnées à celles de l’an dernier, avec interdiction d’entreprendre quelque chantier que ce soit, d’embaucher un seul fonctionnaire, d’assurer une quelconque promotion, même si elle était prévue au calendrier. Une situation que Bayrou surveille avec appétit : sur un an, cela représenterait 15 milliards, pris directement sur le fonctionnement des services publics et la masse salariale des fonctionnaires.

Bayrou a annoncé une cure d’austérité avec 30 milliards d’économies pour 21 milliards de recette supplémentaires. Mais rassurez-vous : les économies ne porteront pas sur les aides aux entreprises, en particulier les 80 milliards d’euros que coûtent aux contribuables que nous sommes les exonérations de cotisations sociales accordées aux patrons. Pas plus que les recettes supplémentaires ne concerneront les entreprises qui seraient « prémunies contre des augmentations exponentielles d’impôts et de charges », a tenu à préciser Bayrou.

Pas bien difficile de voir sur quoi porteront les 30 milliards d’économies et qui paiera les 21 milliards de recette supplémentaires ! L’austérité, ce ne sera donc que pour les travailleurs et les classes populaires. Pour le patronat, cela continuera à être open bar.

J.-J. F.