Nos vies valent plus que leurs profits

Urgences : l’effondrement organisé

Totalement débordés, des dizaines de services d’urgence en France sont passés en « plan blanc », un dispositif qui permet d’instaurer une sorte d’état d’urgence à l’hôpital pour gérer la pénurie de tout. La faute à l’épidémie de grippe ? Non, c’est le manque criminel de moyens donnés à l’hôpital public qui en est la seule cause – sinon il ne serait pas sorcier d’anticiper une épidémie qui revient chaque hiver.

Attendre trois jours sur un brancard est devenu banal

Pas la faute non plus aux patients à qui certains reprochent de venir aux urgences – et qui n’attendraient pas des dizaines d’heures s’ils avaient d’autres solutions – mais bien au manque catastrophique de moyens et de lits d’aval pour désengorger les urgences. Aucune fatalité là-dedans, mais bien plutôt le fruit d’une politique forcenée de sous-financement à l’extrême des hôpitaux publics. Au point que l’activité stagne, aboutissement d’une logique austéritaire poussée à son comble : l’hôpital qui coûte le moins cher, c’est encore celui où l’on ne soigne pas. Depuis 2023, l’activité remonte mais au profit du privé : + 1,8 % dans le public, + 6,3 % dans le privé. Un écart colossal qui voit les activités « profitables » (c’est-à-dire bien rémunérées par l’assurance maladie) monopolisées par le privé. Pendant ce temps, pour améliorer la « performance » – euphémisme pour dire « productivité » – c’est à des plans de suppressions d’emplois massifs, bien qu’ils ne disent pas leur nom, qu’ont affaire les hospitaliers, avec des conséquences épouvantables sur ceux qui restent. Et c’est un carnage pour l’accès aux soins. En témoignent les patients qui attendent trois à quatre jours sur des brancards, provoquant des décès en chaîne pour absence de prise en charge… Tandis que les soignants s’épuisent jour après jour à essayer de compenser les désastres provoqués par ce braquage de l’hôpital public.

Des grèves victorieuses – à quand une réaction coordonnée ?

Malgré tout, des grèves ici ou là parviennent à arracher des embauches. Comme aux urgences de l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne, où plus d’une dizaine de postes ont été obtenus, dont cinq immédiatement. Pour une fois, toutes les catégories de personnel sont entrées en grève ensemble, renforçant ainsi la mobilisation. Et les grévistes sont allés voir les collègues proches, inspirés par la grève : ceux de l’hôpital Émile Roux un peu plus loin dans le département. Un moyen de dépasser l’isolement et le sentiment d’impuissance pour des agents qui sont systématiquement assignés. Car c’est d’y aller tous ensemble qui permettrait d’imposer nos revendications, comme en 2020 où se coordonnner avait permis d’arracher la prime Ségur. Dans tous les hôpitaux c’est la même galère, il est temps d’opposer notre résistance collective.

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