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Interview. Répression patronale et gouvernementale : « le monde ouvrier et la jeunesse doivent faire bloc ! »

Interview de Djaffar Razkallah, secrétaire de la CGT TUI France



Huit salariés de TUI France, tous membres de la CGT, viennent d’obtenir en août dernier un non-lieu après avoir été mis en examen pour « diffamation » et « injure publique » à l’encontre d’un agent de la Direccte (ministère du Travail).

Après avoir arraché en justice l’annulation d’un plan de licenciement collectif de 600 personnes sur 900 suite à plusieurs mois de lutte en 2020-2021, les TUI n’ont pas tardé à se trouver dans le viseur. Djaffar revient sur le déroulé des événements.

• De quoi étiez-vous accusés et dans quelles conditions cette affaire juridique a été montée contre vous ?

On a été accusés d’avoir insulté et diffamé un agent de la Direccte, à la suite d’une action militante contre les licenciements en janvier 2021.

À ce moment-là, nous étions en procédure d’appel contre TUI pour remettre en cause un plan social sanglant de suppression des deux tiers des effectifs, annonce effectuée en plein confinement par téléconférence à 900 salariés ! On était venus en rassemblement devant la Direccte de Nanterre (92) pour dénoncer la manière dont cette administration était en train de laisser faire un plan social massif. On avait fini par entrer dans le hall des locaux, et nos slogans qui mettaient en cause à la fois notre patron et les autorités qui ne faisaient rien pour l’entraver, au contraire, ont visiblement été peu appréciés.

Il faut rappeler le contexte particulier de l’époque : de nombreux « plans de sauvegarde de l’emploi » (PSE) étaient annoncés en cascade, et une conseillère Pôle emploi s’est fait assassiner à la même époque.

À la suite de notre action, Élisabeth Borne a appelé Philippe Martinez secrétaire de la CGT à l’époque, qui a lui-même appelé le secrétaire de notre fédération syndicale… Qui nous a appelé pour nous prévenir que ça allait chauffer pour nous !

• Selon toi, pourquoi étiez-vous visés ?

C’est notre DRH de l’époque qui nous a dénoncés : les policiers lui ont montré des photos prises lors du rassemblement, et notre DRH n’a comme par hasard dénoncé que les militants CGT, alors que bien entendu nous n’étions pas les seuls présentes et présents.

Lancer cette mise en examen, c’était d’abord bien sûr une manière d’essayer de se venger de notre victoire contre le plan de licenciements.

Et le deuxième objectif, y compris pour le gouvernement, c’était de dire à toutes celles et ceux qui subissaient des plans de licenciements : « voilà ce qui vous attend si vous vous battez ! » Ça n’a pas marché, on n’a pas cessé à chaque convocation que ce soit à la police ou au tribunal, de revendiquer notre action, de dénoncer les licenciements quels qu’ils soient et de dire qu’il faudrait les interdire plutôt que de les accompagner.

• Comment faudrait-il répondre à la tentative de réprimer de nombreux syndicalistes, on pense évidemment au secrétaire de la CGT Énergie, au collègue de Disney, mais aussi aux Gilets jaunes ou aux militants des mouvements comme Sainte-Soline ?

La répression, la violence patronale c’est une arme qu’ils ont toujours dégainée contre nous, les travailleurs. Le dialogue social, ça n’a jamais existé en réalité. C’est toujours au pied du mur que les patrons changent leur fusil d’épaule. On ne se fait pas d’illusions : il va y avoir une grosse répression parce que les luttes vont continuer. Ça fait partie de leur logiciel : Darmanin et Macron veulent favoriser la violence aveugle de la police qui tape, et même massacre les jeunes comme les anciens, on l’a bien vu cet été et lors des derniers mouvement sociaux. La solution c’est de faire bloc dans les facs et dans les entreprises. Quand on s’attaque au monde ouvrier, tout le monde doit réagir et s’organiser !